Expliquez-nous la construction du tunnel sous la manche

Lundi marque le 30e anniversaire de l'inauguration du tunnel sous la Manche. Depuis trois décennies "près d’un demi-milliard de personnes ont traversé la Manche grâce au tunnel, estime le directeur général de Getlink (ex-Eurotunnel), Yann Leriche.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une navette transportant des camions quitte le tunnel sous la Manche, exploité par Eurotunnel, à Coquelles, dans le nord de la France, le 4 juillet 2019. (DENIS CHARLET / AFP)


François Mitterrand et la reine Elizabeth II inauguraient, le 6 mai 1994, il y a 30 ans, le tunnel sous la Manche. Depuis cette date, le Royaume-Uni n'est plus vraiment une île. Le tunnel sous la Manche mesure 50 kilomètres de long. Il relie Coquelles dans le Pas-de-Calais à Folkestone dans le sud de l'Angleterre. Pendant 37 kilomètres, le tunnel se trouve sous la Manche. À l'endroit le plus profond, il se situe 40 mètres en dessous du fond de la mer. Il existe deux manières de circuler, soit avec Eurostar dans des TVG conçus spécialement, soit avec des navettes (Shuttle) sur lesquelles sont chargés des voitures et des camions.   

Le coût de l'ouvrage 

Après de nombreux dépassements, le coût total est estimé à 100 milliards de francs en 1994, ce qui représente aujourd'hui 24 milliards d'euros en tenant compte de l'inflation (le double de l'estimation initiale). Pour financer le tunnel, il a fallu de l'imagination : la Première ministre britannique conservatrice Margaret Thatcher ne voulait pas qu'un seul penny d'argent public soit investi. Côté français, le président socialiste François Mitterrand accepte que ce soit privé. S'ensuit des prêts de la part de dizaines de banques, mais aussi l'introduction d'Eurotunnel en bourse.

Des centaines de milliers de petits porteurs investissent dans des actions qui vont chuter dramatiquement en raison de l'inflation des coûts du tunnel et de prévisions de trafic trop optimistes. 

Un trafic en dessous des prévisions 

Trente ans après, le tunnel ne tourne pas à plein régime. Quelque 400 trains en moyenne par jour passent dans le tunnel. Le Groupe "Getlink", maison mère d'Eurotunnel, voudrait passer à 1000 trains par jour. Près de 11 millions de passagers ont pris le tunnel avec Eurostar en 2023 alors que les prévisions il y a 30 ans tablaient sur 20 millions de passagers par an. Pour le fret, là aussi le nombre de millions de tonnes transportées est bien inférieur aux prévisions. Autant dire que la marge de progression est grande pour cet ouvrage qui ne manque pas de potentiel.    

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