Cet article date de plus de neuf ans.

Expliquez-nous... la cité-État de Singapour

Le premier chef du gouvernement de Singapour, Lee Kuan Yew est décédé hier soir. Il a été le principal artisan de la transformation de la cité-État en l'une des économies les plus florissantes d'Asie.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Les habitants de Singapour déposent des fleurs en hommage à Lee Kuan Yew © Maxppp)

Singapour c'est une réussite exceptionnelle depuis son indépendance complète en 1965. Cet État d'une superficie de 700 km² où s’entassent  plus de cinq millions de personnes est un pays moderne developpé et très riche. En 1960, son revenu par habitant était en dessous de 500 dollars, il dépasse aujourd'hui les 50 mille dollars. Chiffre très supérieur à celui de l’ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni. Le tout sans industrie ou presque sans agriculture et sans aucune ressource naturelle.

Le seul atout de cette ville-État : son emplacement. Au bout de la péninusle malaisienne, proche de l'Indonésie sur une importante route maritime vers la Chine, c'est un carrefour idéal pour le commerce. Singapour même avant le grand boum économique des annees 80 était appelé l'entrepot du sud-est asiatique. 

Et comment explique-t-on cette reussite économique récente ?  

C'est tout le génie de Lee Kuan Yew ou son mauvais génie diront certains. Il a su mettre en place une heureuse combinaison de facteurs – ouverture commerciale, peu d'impôts, flexibilité du travail, le tout avec un régime paternaliste quasi autoriaire. On ne rigole pas avec les règles, avec toutes les règles à Singapour.  En gros beaucoup de liberté économique et beaucoup moins de liberté democratique. Un coktail qui a dopé le Singapour des années 80. En moins d’un demi-siècle, Singapour est devenu une cité ultra moderne, secure, propre, un pays stable politiquement sans  corruption et socialement sans trouble. Il faut dire que le droit de grève est interdit et que la presse est sévèrement controlé. Et que que tout comportement jugé inappropié, toute fantaisie sont quasi interdits sur la voie publique. Même traverser la rue au mauvais endroit ou au mauvais moment peut valoir une arrestation par la police. Avec ces recettes, Singapour a su attirer capitaux et entreprises étrangères.Sonn économie repose aujourd'hui sur les services bancaires et financiers, le commerce, la navigation. Singapour est le deuxième port du monde derrière Shanghai. Mais aussi le tourisme, les chantiers navals ou le secteur de l'industrie électronique. 

C'est aussi un état tres critiqué pour son système bancaire très opaque  

Singapour a même un temps vaguement remplacé la Suisse en tant que coffre-fort pour tous ceux qui souhaitaient échapper au fisc de leur pays. Et pourtant en 2014, sous la pression internationale, comme la Suisse, le gouvernement singapourien a annoncé qu'il allait modifier sa législation pour passer à l'échange automatique d'informations fiscales sur les non-résidents soupçonnés d'évasion fiscale. Singapour était effectivement classée sixième sur la liste des paradis fiscaux à travers le monde établie par l'ONG américaine Tax Justice Network. Dans l'affaire Cahuzac, Singapour avait été utilisée par l'ancien ministre comme plan B  pour y ouvrir un compte offshore, après la Suisse, jugée trop risquée.Ça c'est théoriquement fini. Singapour a mieux à faire en tant que puissance financière respectable.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.