Colère des agriculteurs : c'est quoi la "souveraineté alimentaire" ?

La notion de "souveraineté alimentaire", très présente dans le discours de l'exécutif depuis le début de la pandémie de Covid-19, n'a pour l'instant "aucune définition officielle" selon l'établissement national des produits de l'agriculture et de la mer.
Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Gabriel Attal, Premier ministre, février 2024. (TERESA SUAREZ / POOL)

"L'objectif de souveraineté agricole et alimentaire"  sera inscrit dans le projet de loi d'orientation agricole attendu d'ici à cet été. C'est ce que promet notamment Gabriel Attal. À quelques jours du coup d'envoi du salon de l'agriculture, et alors que la colère des agriculteurs est toujours palpable, le Premier ministre a affirmé vouloir placer ce secteur "au rang des intérêts fondamentaux"

L'expression date de 1996

Pour comprendre d'où vient cette "souveraineté alimentaire", il faut remonter au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Après des années de privation, la France veut retrouver ce que l'on appelait à l'époque son autosuffisance alimentaire. Elle est alors aidée par les progrès techniques et la mécanisation de l'agriculture, qui font rapidement exploser la production en France. Elle est aidée aussi par la politique agricole commune (PAC), créée en 1957. Alors qu'à l’époque, un agriculteur nourrissait en moyenne 15 personnes, il en nourrit 60 au début des années 2000.

La notion de "souveraineté alimentaire" est introduite par le mouvement altermondialiste paysan "Via Campesina", dans les années 90. Selon ce réseau mondial, la souveraineté alimentaire se définit par : "Le droit de chaque pays de maintenir et de développer sa propre capacité de produire son alimentation de base". Une définition qui veut surtout s'opposer au cadre de l'Organisation mondiale du Commerce, favorable à une concurrence internationale.

"Aucune définition officielle", selon FranceAgriMer

La signification de cette expression pour l'exécutif est délicate à cerner avec précision. Selon un document de FranceAgriMer (l'établissement national des produits de l'agriculture et de la mer) publié l'an dernier, "aucune définition officielle ne semble avoir été arrêtée" depuis qu'Emmanuel Macron a mis en avant la souveraineté alimentaire au début de la pandémie de Covid-19, en disant que "certains biens et services doivent être placés en dehors des lois du marché". Une tonalité que l'on a entendue à nouveau au début de la guerre en Ukraine, pour une indépendance énergétique.

L'auto-suffisance alimentaire, objectif quasi-impossible

Mais pour atteindre l'autosuffisance alimentaire en France, il faudrait se priver de certains produits et en manger d'autres avec excès. Par exemple, selon une étude récente de FranceAgriMer, la France est autosuffisante, ou presque, sur les céréales, le sucre, le vin et certains produits laitiers. Ça ne donne pas un repas équilibré. Et certains produits manqueraient. Par exemple, les fruits tropicaux et les agrumes. Terminé donc, le petit verre de jus d'orange le matin. Il faudrait aussi oublier le café, le thé, le cacao, le riz ou encore certains poissons comme le saumon et le cabillaud, des produits très consommés en France, mais que l'on produit pas, ou très peu. 

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