En un mot. Les pauvres, derniers de cordée
En un mot, c'est le mot de l'actu. Celui qui n'aura échappé à personne. En tout cas, pas à Nathalie Bourrus.
Le 17 octobre est la journée du refus de la misère. Emmanuel Macron, accusé d'être "le président des riches", a reçu les associations à l'Elysée, et s'est rendu en banlieue dans une crèche. Le grand réveil ? Un président des pauvres ?
Le mot de l'actu est donc: pauvre. Mot qui vient du latin "paumer", qui donne le mot "povre" (avec un o). Puis "pauvre" (avec au) : celui qui ne dispose pas de ressources suffisantes. Qui n’a pas de valeurs, de force. Au 17e siècle, on parle même d’un imbécile, incapable d’avoir un jugement. Une sorte d’attardé. C’est dire si le pauvre a pu être respecté… De là à imaginer qu’il prend le train, qu’il passe dans les gares, et qu’il n’est rien, ce pauvre… qui resterait lamentablement, dernier de cordée.
Damned ! Je m’étais juré de ne pas y revenir, sur ces mots du président. Mais comment faire ? Comment ne pas y penser ? Comment oublier ces termes, accumulés au fil des semaines, tel un château de cartes. Le président de la République tente à présent de détruire ce château, devenu son boulet. Il reçoit aujourd’hui les associations, d’aide aux pauvres. Il parle "approche renouvelée…. efforts… concertation… groupes de travail…" Il propose de faire bosser ensemble les ministères du Travail, de l’Education nationale, et de l’Egalite femmes-hommes. Il veut un délégué interministériel, à la pauvreté.
Tout a été tenté... Vraiment ?
Comme tout cela me rappelle des choses... Comme cette enfilade de perles me rappelle la lenteur des aides... Comme cela me rappelle que tout cela a déjà été fait… L’éternel diagnostic, qui flirte à présent avec le doute : les politiques s’en ficheraient-ils, des pauvres? Mais non, il n'y a qu’à voir : RSA… contrats aidés…prime d’activité… prime pour l’emploi. Tout a été tenté, semble-t-il. Mais alors, pourquoi y a-t-il un million de pauvres de plus, en 10 ans ? Pourquoi 20% des jeunes le sont ?
Certains sociologues, pensent que, non, tout n’a pas été tenté. Par exemple : travailler sur les raisons de la vulnérabilité des personnes pauvres. Agir sur leurs fragilités… car une personne en état de faiblesse ne trouvera pas de travail même s’il y en a. Agir au sein des familles et comprendre pourquoi des enfants décrochent à l’école. Agir dans les tréfonds de la précarité, et remettre les disparus au centre de la cordée, non pas en bas.
En un mot : le premier de cordée se doit de se souvenir, que la pauvreté est une violation des droits humains. Et que celui qui ne la combat pas, par tous les moyens, est complice de cet agissement.
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