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Nos ancêtres maîtrisaient déjà la technique du poisson au barbecue, révèle une étude internationale

L'équipe scientifique internationale, dirigée par une chercheuse israélienne, a découvert des restes de poissons cuits au paléolithique ancien, soit 610 000 ans plus tôt qu'envisagé. Une avancée majeure publiée dans la revue Nature.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un squelette de carpe appartenant à la collection de l'université de Tel Aviv (Israël), photographiée le 14 novembre 2022. (HANDOUT / TEL AVIV UNIVERSITY)

Nos ancêtres établis au bord d'un lac aujourd'hui disparu, à l'entrée du plateau du Golan, au nord d'Israël, faisaient cuire leurs carpes il y a 780 000 ans, révèle une étude internationale publiée le 14 novembre dans la revue Nature. Jusqu'ici, les traces des plus vieux aliments cuits dataient "seulement" de 170 000 ans.

"On a identifié plus de 40 000 ossements et dents de poisson et la plupart étaient chauffés, s'enthousiasme Marion Prévost, post-doctorante à l'Université hébraïque de Jérusalem qui a participé aux recherches. On a pu voir cela grâce à la couleur de la dent. Chauffé, c'est cuit, mais pas brûlé ni calciné. Donc ça veut bien dire qu'elles ont été chauffées à une température bien précise et pas uniquement carbonisée, en jetant le poisson dans le feu"

Du poisson en "papillote"

Une température maîtrisée : pas encore un four, mais bien le plus vieux barbecue jamais identifié. "Les hommes maîtrisaient le feu à basse et moyenne température entre 300 et 500 degrés Celsius, explique Marion Prévost. Donc, nécessairement ils pouvaient aussi cuire d'autres aliments, comme la viande, mais aussi les plantes. Donc pourquoi pas parler de barbecues ? Possiblement, ils ont peut être emballé le poisson dans des feuilles, des plantes, et pourquoi pas enterrer le poisson juste à côté du foyer ?"

La maîtrise de ces techniques en dit long sur le développement intellectuel de l'espèce humaine. Des individus beaucoup plus intelligents à une époque beaucoup plus ancienne qu'imaginée. "De savoir qu'à un site aussi ancien à 800 000 ans, les hommes, les homo erectus, pouvaient maîtriser le feu et cuire leurs aliments... Il n'y avait jamais eu vraiment de révélation directe, assure la chercheuse. Ce type de population avait déjà un comportement assez complexe, des capacités cognitives assez développées, plus que ce qu'on pensait."

"Ils savaient que cuire les aliment leur apportait une qualité nutritionnelle plus importante. C'était aussi plus facile pour la mastication et pour la digestion." 

Marion Prévost, post-doctorante à l'Université hébraïque de Jérusalem

à franceinfo

Cet homme préhistorique avait-il déjà un sens du goût développé ? "Oui, on pense qu'il avait vraiment du goût parce qu'on sait qu'il sélectionnait les grosses carpes avec beaucoup de chair et beaucoup de gras, répond Marion Prévost. Donc je pense qu'ils avaient vraiment des savoirs pour le niveau nutritionnel et gustatif de ces poissons."  L'étude des restes de poissons a donc permis d'en savoir beaucoup plus sur l'homme et sur cette région du monde, l'une des plus anciennement peuplées sur terre après l'Afrique.

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