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Mexique : la mode s'inspire des motifs locaux, les artisans dénoncent une appropriation culturelle

Au Mexique, les motifs issus de l’artisanat textile indigène servent d’inspiration pour les géants du prêt-à-porter à travers le monde. Au point que certaines communautés se mobilisent désormais pour dénoncer l’appropriation culturelle de leurs créations.

Article rédigé par Emmanuelle Steels - édité par Julien Penot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un artisan devant son métier à tisser au Mexique. (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

La célèbre marque Polo Ralph Lauren est accusée de plagiat par des artisans mexicains.Ils reprochent au géant américain du prêt-à-porter d'avoir copié le motif du sarape, une grande toile multicolore, élaborée dans les villes de Contla et de Saltillo, deux villes du nord et du centre du pays. Les communautés indigènes dénoncent une appropriation culturelle et reçoivent depuis quelques temps le soutien du gouvernement mexicain qui fait parvenir des lettres de protestation à ces grandes marques.

Pour Ralph Lauren, le vêtement en question est un long gilet qui reproduit exactement le schéma et les gammes de couleurs du sarape traditionnel, utilisé comme couverture ou comme châle au Mexique. La marque a présenté des excuses et elle a retiré le vêtement de la vente en s’engageant à entamer une réflexion sur ses modes d’inspiration et à collaborer avec les communautés indigènes à l’avenir.

L'absence de droits d'auteur

Toutefois, ce cas n'est pas isolé. Le gouvernement mexicain, notamment la secrétaire à la Culture Alejandra Frausto, réagit immédiatement dans des situations semblables. Désormais, toute trace d’appropriation culturelle est traquée. D’ailleurs le sarape avait déjà été allègrement copié, par la créatrice Carolina Herrera, qui en a fait une robe, et par la marque japonaise Comme des garçons, qui, par la suite, a versé une compensation aux artisans.

À chaque fois, le ministère mexicain de la Culture envoie des lettres de remontrances aux marques. La liste des enseignes de prêt-à-porter qui piratent les motifs mexicains est d’ailleurs de plus en plus longue : Zara, Mango, Oysho, Nike, Converse, Louis Vuitton, Shein… Et à chaque fois, les autorités mexicaines leur interrogent sur la manière de rétribuer les communautés créatrices de ces motifs. Généralement, cette question reste sans réponse.

Le nœud du problème réside dans la protection des droits d'auteur. Dans la plupart des cas, les communautés indigènes n'en détiennent pas sur ces motifs qui s’inscrivent dans leur iconographie traditionnelle. Alors, l’an dernier, le Mexique a approuvé une loi pour protéger la propriété intellectuelle collective des créations des peuples autochtones. Mais cette loi sera très difficile à appliquer pour éviter l’exploitation commerciale de leurs motifs, qui représentent visiblement une source d’inspiration inépuisable. 

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