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Le Pérou reconnait l'existence des "escadrons de la mort"

Le ministère de l’Intérieur du Pérou avoue l’existence d’un "escadron de la mort". Des policiers qui tuent sans justice. Cette affaire a été rendue publique par des médias péruviens avant d’être finalement reconnue par les autorités.

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un policier péruvien  en patrouille à Tingo Maria (RODRIGO ABD/AP/SIPA / AP)

Il existe des "indices sérieux" quant à l’existence de cet escadron de la mort. C’est le vice-ministre de l’Intérieur Rubén Vargas qui l’a reconnu ce lundi. Selon un collaborateur repenti, l’escadron aurait organisé une demie douzaine de fusillades fictives à Lima et plusieurs villes du pays comme Lambayeque entre 2011 et 2016. Le chiffre n’est pas définitif mais on parle de près de 20 présumés délinquants assassinés. Toujours selon cet informateur repenti qui a reconnu lors du programme de télévision "Le 4ème pouvoir", avoir participé à ces opérations, les policiers cherchaient des jeunes délinquants et leur présentaient des coups apparemment faciles et potentiellement fructueux. Ils utilisaient généralement des agents doubles.  Ensuite, ils montaient une embuscade et n’avaient plus qu’à tirer sur les jeunes qui arrivaient. Selon le repenti, certains auraient été éxécutés après s’être rendus. Les présentaient alors la fusillade comme étant le résultat d’une opération complexe et dangereuse, ce qui a d’ailleurs permis au leader du groupe, le commandant Enrique Prado Ravines, de prendre du galon à deux reprises et d’être décoré six fois.

Une centaine de policiers mis en cause 

Selon la Justice et un groupe de travail de la police péruvienne formé à la demande du nouveau ministre de l’intérieur, Carlos Basombrio, seize officiers et 80 sous-officiers feraient partie du groupe. Pour mener à bien leurs soi-disant opérations, les policiers demandaient des frais d’enquête généralement gonflés qu’ils se partageaient ensuite alors qu’ils n’avaient évidemment pas de frais puisque c’est eux qui organisaient tout. Au-delà de l’argent, ils obtenaient également décorations et reconnaissance sociale, d’autant qu’ils présentaient ces opérations comme des fusillades risquées. Les policiers suspects de faire partie du groupe appartiennent à plusieurs unités de la police comme la Direction anti-terroriste, la direction d’Intelligence et la division anti-vols. 

Des victimes pas toujours identifiées

Le problème c’est que près de la moitié des victimes n’avaient pas de casier judiciaire. C’était souvent des jeunes en difficulté économique que les agents doubles de l’escadron arrivaient à convaincre de donner des coups apparemment faciles et rentables. Les autres étaient des délinquants mais pas de grande envergure. A l’origine, c’est d’ailleurs un policier qui a demandé l’ouverture d’une enquête suite à la mort de son frère lors de l’une de ces fusillades. L’enquête interne de la Police avait été rapidement enterrée jusqu`à ce que les média reprennent l’affaire. Le groupe aurait été rotégé par un général dans un épisode qualifié “d’atroce” par le ministre de l’Intérieur.

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