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Inde : violentes manifestations, train incendié, répression brutale... face au manque de perspectives économiques, la jeunesse se révolte

Les manifestations se multiplient dans les États du Bihar et de l’Uttar Pradesh. Les étudiants demandent des comptes au gouvernement qui ne tient pas ses promesses sur les débouchés d'emploi alors que la situation des plus précaires se dégrade de plus en plus.

Article rédigé par franceinfo - Côme Bastin, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une manifestation étudiante, le 31 janvier 2022 à New Delhi (Inde). (SAJJAD HUSSAIN / AFP)

Stations de train dévastées, policiers qui tirent en l’air, portraits du Premier ministre Narendra Modi brûlés… Des manifestations ont enflammé les États indiens du Bihar et de l’Uttar Pradesh, la semaine dernière.

Tout est parti d’une modification d’un concours d’entrée pour les chemins de fer indiens. Le 15 janvier, les aspirants ont appris qu’ils devraient passer deux tests au lieu d’un. Cela peut paraître un peu anecdotique, mais en réalité, ce concours est crucial pour une large partie de la jeunesse indienne. "Les chemins de fer sont un des plus grands employeurs d’Inde. Les jeunes qui postulent à ce concours font partie des plus déshérités et cherchent un emploi stable dans la fonction publique, explique Sai Balaji, président du syndicat étudiant AISA qui participe au mouvement de contestation.   

"Cela faisait trois ans qu’il n’y avait pas d’examens et que les étudiants attendaient. Et on leur annonce qu’il y aura seulement 40 000 admis pour 10 millions de candidats !"

Sai Balaji, président du syndicat étudiant AISA   

à franceinfo

"La volonté du gouvernement de privatiser le rail a conduit à détruire la moitié des postes disponibles", poursuit Sai Balaji. Et voilà donc que la semaine dernière, après une forte répression policière, certains jeunes en sont venus à saccager des gares et même mettre le feu à un train. La police a violemment répliqué et arrêté au moins 55 étudiants. Six agents ont été suspendus pour usage excessif de la force.

Un ultimatum d'un mois donné au gouvernement

Derrière ces manifestations qui dégénèrent, c’est une colère bien plus large qui s’exprime. Car la situation des jeunes en Inde, aggravée par la pandémie, est vraiment catastrophique. Ces manifestations en sont une illustration criante. Selon le Center For Monitoring Indian Economy, le taux de chômage est de 8% dans le pays mais il monte à 25% chez les jeunes. C’est encore pire dans les États défavorisés que sont l’Uttar Pradesh et le Bihar, explique Sai Balaji. "Le chômage a été le thème majeur des élections régionales de 2020 dans le Bihar."  

"Les étudiants, quelle que soit leur caste, quelle que soit leur religion, demandaient une seule chose : du travail."

Sai Balaji

à franceinfo

"Le gouvernement a promis 2 millions de postes, mais on les attend toujours", se désespère l’étudiant.  

En réalité, une partie de la jeunesse favorisée s’en sort bien en Inde. Mais le géant asiatique paie le prix d’un sous-emploi chronique lié à son manque d’industrie. Les confinements ont aussi aggravé les conditions d'existence de nombre d’étudiants. Certains ont dû rentrer dans leur campagne et repousser ou même abandonner leurs études, dans lesquelles ils avaient investi du temps et de l’argent.

Lundi 31 janvier encore, des rassemblements étaient organisés dans le Bihar, avant que les étudiants ne laissent un mois au gouvernement pour leur proposer de meilleurs débouchés.

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