Gratuité de la pilule du lendemain : pourquoi l’annonce de la France a-t-elle été saluée sur les réseaux sociaux japonais ?
Alors qu'elle va bientôt devenir gratuite en France, pour l'instant, au Japon, les femmes doivent obligatoirement consulter un médecin pour obtenir la contraception d'urgence.
Le ministre de la Santé François Braun a annoncé, mardi 20 septembre, la gratuité de la pilule du lendemain pour toutes les femmes en France, à partir de 2023. Une mesure qui place la France parmi les pays cités en exemple, notamment au Japon.
Dans ce pays, on n'en n’est pas encore à débattre de gratuité, mais déjà d’accessibilité car en la matière il accuse un retard considérable.
Pour résumer, les femmes qui ont besoin d’une pilule du lendemain doivent impérativement passer par une consultation, décliner leur identité, obtenir une pilule auprès du médecin. Pour des adolescentes mineures, la démarche n’est pas facile et cette situation entraîne des grossesses non désirées très problématiques. En plus, le tout est à leur charge - soit en général une centaine d’euros.
La pilule du lendemain pas disponible en pharmacie
Mais ce n’est pas tout. Si certaines cliniques sont plus souples et acceptent des consultations en ligne, puis envoie la pilule par coursier, d’autres exigent qu’elle soit prise directement pendant la consultation pour éviter qu’elle ne soit revendue. La pilule du lendemain n’est pas disponible en pharmacie, ce qui constitue un énorme problème, surtout dans les régions rurales qui sont aussi de plus en plus souvent des déserts médicaux.
Depuis 2017, une commission étudie la disponibilité de la pilule du lendemain en pharmacie. Des femmes comme Sakiko Enmi, gynécologue, dénoncent cette situation : "Même si une femme sait qu’existe la pilule du lendemain, ça n’a pas de sens si elle n’y a pas accès facilement. La rendre disponible en pharmacie est une option absolument nécessaire."
Les hommes médecins font de la résistance
Il existe une opposition forte d’une partie du corps médical - souvent des hommes. Premier argument, l’accessibilité facilitée à cette contraception d'urgence va dé-responsabiliser les couples, réduire l’usage du préservatif et amplifier les risques de transmission de maladies via les relations sexuelles. Grande confiance donc dans la capacité des citoyens à faire attention. Ensuite, si la pilule du lendemain s’obtient auprès d’un pharmacien sans surveillance, elle risque de faire l’objet d’un trafic de revente auprès de personnes qui veulent l’obtenir sans décliner leur identité. Enfin, les effets indésirables du produit ne seront pas suivis par un médecin.
Des associations se mobilisent pour dénoncer ces arguments en expliquant qu’ailleurs cela ne pose pas de problème. L’annonce de la gratuité généralisée en France a d’ailleurs été saluée sur les réseaux sociaux japonais, car, pour les femmes, c’est une preuve supplémentaire à faire valoir au Japon.
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