En Tunisie trois jeunes viennent d'écoper de 30 ans de prison pour avoir fumé du cannabis dans un stade
Cette condamnation très lourde, du jamais vu depuis la fin de la dictature en Tunisie, s'appuie sur une loi que la jeunesse voudrait abolir.
Leurs avocats sont tout simplement atterrés. Ils mettent en avant la sévérité de la peine alors que selon eux "des gens jugés pour violence conjugale ou terrorisme écopent de peines souvent bien moins lourdes". Le juge s’est appuyé sur cette très répressive "loi 52" que la société civile et une bonne partie de la jeunesse voudraient voir abolir. Cette loi condamne très lourdement les consommateurs de cannabis. Encore plus lorsqu’ils fument dans un lieu public. C’est justement ce qui est arrivé ici. Précisons que le stade est un stade à ciel ouvert.
Une loi promulguée sous le régime de Ben Ali
Au début des années 90, le dictateur Ben Ali promulgue cette loi parce qu'il veut se démarquer des comportements de son frère qui trempe dans un réseau international de trafic de drogue. Aujourd’hui, dix ans après la chute de Ben Ali. Cette loi continue de faire des dizaines de milliers de victimes, c’est ce que dénonce la société civile. Actuellement, plus de 20% des personnes incarcérées en Tunisie le sont en vertu de cette loi.
Des jeunes voient leur vie brisée ainsi. C'est le cas Ahmed, 24 ans. Son histoire est presque banale ici en Tunisie. La police débarque chez lui au milieu de la nuit. Il est condamné à de la prison ferme pour consommation de cannabis. La cellule dans laquelle il sera enfermé est faite pour 25 personnes, ils sont 140 entassés à l’intérieur. "J’ai passé 9 mois et 20 jours avec des violeurs, des tueurs. Deux toilettes, c’est l’enfer. Pas l’horreur, l’enfer !"
Des vies anéanties
Une fois sortis de prison, ces jeunes, comme Ahmed, ne parviennent pas à se réinsérer. Ils sont à jamais fichés. "Vous ne pouvez plus travaillez. Les gens te regardent comme un voyou. Tu ne peux plus te marier", explique-t-il. Ces dernières semaines, société civile et jeunesse tunisienne dénoncent un retour de l’autoritarisme. Cette condamnation à trois fois 30 ans de prison intervient dans ce contexte. Plusieurs mobilisations sont prévues début février pour soutenir les trois jeunes.
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