En Tunisie, l'inédite révolte des déchets, durement réprimée par les autorités
La population de Sfax, la deuxième ville de Tunisie, voit depuis deux mois les poubelles s’accumuler dans les rues. Les décharges publiques sont saturées. Ce qui soulève une colère populaire, inédite dans le pays.
Cela fait deux mois que les habitants de Sfax - deuxième ville de Tunisie - voient les déchets envahir leurs rues. Comme les décharges sont surchargées, les poubelles ne sont pas ramassées. Cela pose évidemment de graves problèmes sanitaires. Les médecins alertent : des maladies graves apparaissent.
Il faut savoir qu’en Tunisie, on ne traite pas les déchets, on les enterre. C’est un désastre écologique et humain. Jusqu’ici les déchets de Sfax étaient emmenés dans la petite ville d’Agareb. La décharge publique, saturée, devait fermer en fin d’année. Les autorités faute de mieux, ont voulu l’agrandir. Résultat : les habitants, qui n’en peuvent plus de la pollution que cette décharge engendre, sont descendus dans la rue.
Des manifestations très durement réprimées
Foued Lachehab, le maire d’Agareb est à bout de nerfs. La colère des habitants est légitime selon lui. Mais pas pour la police qui a répondu par la répression. Un jeune est décédé. Les habitants ainsi que le maire affirment que c’est le déferlement de gaz qui a tué ce jeune manifestant. Le ministère de l’Intérieur dément. "Comment le président a-t-il ordonné une intervention par la force ? Comment ?", se désole le maire qui soutient la population d’autant que sa fille souffre de la pollution liée à la décharge. "On a enregistré des maladies qu’on n’avait jamais vu auparavant. Par exemple, les maladies virales et les maladies cancéreuses", précise-t-il.
Ma fille a 3 ans. Elle a sans cesse besoin d’oxygène. C’est une catastrophe.
Foued Lachehab, maire d'Agarebà franceinfo
La confiance des habitants envers Kais Saied, le président tunisien qui s’accapare pratiquement tous les pouvoirs depuis cet été s’est effritée. "Il y a un mort… Il est responsable !", martèle un habitant. Ce dernier ajoute qu’en plus de ce mort, il faut compter tous ceux qui tombent malades ou meurent de maladies provoquées par la décharge publique.
Les médecins évoquent un nombre très élevé de cancer, de maladies respiratoires. Cette semaine, les autorités ont assuré avoir trouvé la solution pour débarrasser Sfax de ses poubelles en créant une nouvelle décharge dans une autre petite localité. Déplacer en somme le problème. Le conseil municipal de la ville concernée refuse. La crise des déchets devient spectaculaire. Sfax continue de menacer de grève générale.
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