En Tunisie, l'Éducation nationale brise un tabou avec des cours d’éducation sexuelle
Ces cours destinés aux enfants de plus de 5 ans vont démarrer par une phase de test dans les 13 governorats du pays.
C’est une première, non seulement en Tunisie, mais dans tout le monde arabe. Des cours d’éducation sexuelle seront donnés à l’école aux enfants de plus de 5 ans. L’Éducation nationale tunisienne brise un immense tabou que partagent les pays arabo-musulmans, où parler de sexualité reste extrêmement compliqué. On n’aborde ces questions que très rarement en famille, et surtout l’éducation publique s’était jusqu’ici abstenue.
Parmi les pays musulmans, la Tunisie fait quasiment toujours figure de précurseur. L’éducation sexuelle existe dans le pays depuis une trentaine d’année mais seulement sous forme de rares ateliers, de prévention du VIH notamment et pour une tranche d’âge bien plus élevée.
Une initiative d'une députée d'Ennahda
Il y a un an à l’Assemblée, Yamina Zoghlami, une députée du parti islamiste Ennahda, a clamé : "Il faut ancrer la culture sexuelle auprès des enfants. Cessons de parler de halal [permis] et de haram [interdit]. Apprenons-leur à se familiariser avec leur corps." Des cas de harcèlements et de pédophilie ont ensuite secoué la société. Ce qui a donné d’autant plus de poids aux mots de la députée.
L’objectif premier de ces cours d’éducation sexuelle est donc la prévention des harcèlements. Il s'agit de permettre aux enfants de connaître leur corps et d’être maîtres de ce qu’ils en font. Comment éviter de s’attirer les foudres des conservateurs ? Comment éviter de se mettre à dos tous les parents qui sont choqués de voir l’Éducation nationale s’emparer d’un sujet aussi intime ? La méthode des petits pas est adoptée en diluant la matière. Les cours d’éducation sexuelle sont intégrés dans d’autres cours, comme celui sur les sciences de la vie.
La société civile applaudit
Selon les chiffres officiels, 16 000 IVG sont pratiquées en moyenne chaque année en Tunisie. Les vrais chiffres sont vraisemblablement bien plus importants. Quoi qu’il en soit, le nombre d’interruptions de grossesse ne fait qu’augmenter chaque année. Donc le fait que le ministère de l’Éducation commence aujourd’hui à libérer la parole est très prometteur. La société civile espère qu’ensuite l’éducation sexuelle à l’école pourra aborder tous les sujets et prendre de l’ampleur.
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