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En Suède, le musée consacré aux épaves de la mer Baltique mise avant tout sur les vidéos et la 3D

Ce choix est représentatif d’une nouvelle façon de concevoir la gestion du patrimoine historique. 

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Faux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Carl XVI Gustaf, le roi de Suède le 23 septembre 2021, lors de l'inauguration du "Vrak Museum of Wreck"s à Stockholm. Ce nouveau musée est consacré aux épaves en mer Baltique. (NILS PETTER NILSSON / TT NEWS AGENCY)

Le Vrak Museum of Wrecks, un nouveau musée consacré aux épaves maritimes, a été inauguré jeudi 23 septembre à Stockholm, en présence du roi de Suède, Carl XVI Gustaf. Une ouverture justifiée puisque depuis des siècles, le trafic commercial est intense en mer Baltique et après de terribles tempêtes en hiver, beaucoup de bateaux y ont coulé. La plupart sont dans un état de conservation assez incroyable. Car les mollusques qui se nourrissent du bois ne se développent pas dans cette mer froide et très peu salée. 

Les visiteurs peuvent le constater grâce à des vidéos projetées dans le musée. Elles ont été tournées sur des épaves de navires marchands qui naviguaient en mer Baltique la fin du Moyen Âge. Ils sont quasiment intacts : la coque est là, le mât est debout, la cargaison n’a pas bougé.

Un musée des épaves sans épaves

Des vidéos car paradoxalement il n'y a pas d'épaves dans ce musée des ... épaves maritimes. Une salle par exemple est consacrée au Resande Man, un bateau mythique qui a coulé alors qu’il était en mission diplomatique vers la Pologne. Ce navire n’a été retrouvé qu’en 2012, à seulement 50 mètres de profondeur. L'épave n'a pas été installée dans la salle d'exposition. Johanna Väpnargård, en charge de la muséographie, a préféré utiliser de nouvelles techniques : "Une reproduction 3D de l’épave est reproduite au sol, et sur le mur c’est une photo prise par un archéologue-plongeur. Tout est en taille réelle. Et aussi nous n’exposons pas d’objets sortis de l’eau, mais vous pouvez les voir sous forme d’hologrammes dans les vitrines".


À l'inverse, à quelques centaines de mètres du Vrak Museum of Wrecks, l'incontournable et très fréquenté musée Vasa est bâti autour de l'épave d'un bateau qui portait ce nom. Ce navire de guerre du XVIIe siècle a été sorti presque intact du port de Stockholm en 1961, avec toutes ses sculptures et ses canons. Une splendeur que ne manque aucun touriste. Mais les temps ont changé, explique l’archéologue Patrick Höglund : "On avait une autre vision à cette époque de la gestion de notre héritage culturel. C’est pourquoi on a remonté le Vasa. Aujourd’hui ce ne serait pas possible."

"On n’a plus l’argent, et on a aussi réalisé que quand nous, les musées, ou les plongeurs, nous sortons des objets de l’eau, souvent ils s’abîment, se désintègrent".

Patrick Höglund, archélogue

à franceinfo

 

Il faut admettre qu’un casque de réalité virtuelle ne remplace pas l’émotion que chacun peut ressentir devant des vestiges qui ont traversé les siècles, mais c’est une tendance que l’on observe aujourd’hui dans beaucoup de lieux culturels : privilégier la conservation des objets, quitte à les laisser dans leur environnement d’origine.

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