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En Nouvelle-Zélande, un député maori lance un débat national sur la tenue vestimentaire des parlementaires et sa symbolique

Rawiri Waititi, coprésident du parti maori, avait été exclu de l'hémycicle mardi pour avoir refusé de porter une cravate alors que le règlement l'y obligeait. Ce geste pour affirmer les droits de sa minorité a eu un fort retentissement dans le pays.

Article rédigé par franceinfo - Grégory Plesse
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le député maori Rawiri Waititi, au Parlement néo-zélandais, mardi 9 février 2021. (- / TVNZ)

Ces derniers jours, il y a eu des débats très animés au Parlement néo-zélandais, à propos d’un sujet a priori anodin, la tenue vestimentaire des députés, et plus particulièrement la question de la cravate. Cela a commencé mardi 9 février, quand un député maori, Rawiri Waititi, a été expulsé de l'hémycicle, tout simplement parce qu’il ne portait pas de cravate. Or, le règlement du Parlement exige des députés qu’ils portent une tenue correcte, et la cravate fait partie de la panoplie.

Cette règle, Rawiri Waititi, coprésident du parti maori, la combat depuis toujours. Pour cet élu, qui par ailleurs a des tatouages tribaux lui recouvrant quasiment tout le visage, la cravate, et le fait qu’il soit obligatoire d’en porter une à l’Assemblée, représente beaucoup plus qu’une question d’étiquette.

"Cette règle force les peuples indigènes à porter ce que je décris comme un noeud colonial", déclare-t-il. Le noeud dont parle Rawiri Waititi n'est pas n’importe lequel, puisque le terme qu’il emploie en anglais renvoie à celui qui serre le cou du pendu.

Le port de la cravate n'est plus obligatoire

L’opinion publique en Nouvelle-Zélande s’est rapidement emparée de cette question et a très vite apporté son soutien à Rawiri Waititi. Le député ne portait pas de cravate mais en revanche il avait autour du cou ce qu’on appelle un hei tiki, c’est un collier traditionnel maori et il estime que les Maoris, comme toutes les autres minorités, devraient pouvoir affirmer leur culture et leur identité, même sur les bancs du Parlement. Sous la pression de l’opinion publique, le président de l’assemblée nationale a fini par céder. Il a annoncé jeudi, que le port de la cravate au Parlement n’était plus obligatoire.

La Première ministre, Jacinda Ardern, est restée assez discrète sur le sujet. Elle a simplement estimé que les députés avaient sûrement mieux à faire de leur temps que de parler de cravates. "Je n’ai pas vraiment d’avis sur la question. En revanche, je ne pense pas que les parlementaires devraient se lancer dans de longs débats sur un sujet qui n’intéresse pas vraiment les Néo-Zélandais".

En dehors de ces règles vestimentaires qui sont sans doute un peu éculées, le Parlement néo-zélandais, depuis les dernières élections en octobre dernier, est l’un des plus inclusifs du monde. Il est composé à 50% de femmes, 11% d’homosexuels et 21% de Maoris, c'est plus que la part qu’ils représentent dans la population.

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