En Hongrie, des vaccins russes et chinois hors du cadre européen pour accélerer la campagne contre le Covid-19
En plus des livraisons de vaccins coordonnées par l'Europe, la Hongrie a aussi acheté le Spoutnik V russe et deux vaccins chinois. Elle mène tambour battant sa campagne de vaccination contre le Covid-19, face à des contaminations et une mortalité records
La Hongrie est l’un des pays de l’Union européenne où l’on vaccine le plus : 16% de la population a déjà reçu une première dose. C’est deux fois plus qu’en France ou en Allemagne, où le taux est de 8%. Cela s’explique d’abord par le fait que la majorité des Hongrois sont pro-vaccins. Et ensuite parce que la Hongrie a une double stratégie. Comme tous les États membres de l’Union européenne, elle s’est fournie chez Pfizer-BioNTech ou Moderna – elle a notamment commandé dix millions de doses à Pfizer – mais elle a aussi fait son marché à l’Est et a acheté le Spoutnik V russe et deux vaccins chinois.
Et le Premier ministre, Viktor Orban, s’en félicite : "Les vaccins commandés par l’Union européenne n’arrivent pas. Il y a des retards. Si on n’avait pas les vaccins russes et chinois, on serait dans de beaux draps ! Le seul moyen de sauver des vies, c’est la vaccination." Aussi, la Hongrie vaccine-t-elle à tour de bras : Pfizer est destiné aux soignants, aux personnes très âgées,aux malades... et aux champions olympiques. Et pour Monsieur Tout-le-monde, il y a les ampoules russes et chinoises.
La Hongrie connaît le plus fort taux de mortalité d'Europe
Au début, les Hongrois se méfiaient des vaccins de l’Est. En novembre dernier, ils n’étaient ainsi que 7% à vouloir se faire vacciner avec le Spoutnik V. Aujourd’hui ils sont 50%. L’énorme campagne médiatique du gouvernement en faveur des vaccins de l’Est a eu un impact fort et, d’après la presse scientifique britannique, le Spoutnik est efficace à plus de 90%. Mais si les Hongrois sont prêts à accepter n’importe quel vaccin, c’est surtout parce qu’ils ont peur de tomber malade : en ce moment, il y a 200 morts par jour, c’est beaucoup pour un pays grand comme la Belgique. Rapporté à la population, c’est le plus fort taux de mortalité en Europe. Le variant britannique du Covid-19 n’explique pas à lui seul cette forte mortalité.
Les écoles sont restées ouvertes une bonne partie de l’hiver, sans protocole sanitaire strict, ce qui a certainement favorisé la contamination. Et puis le gouvernement a organisé la vaccination dans les dispensaires de quartier et dans les hôpitaux. Ce qui augmente le risque de contagion, selon certains généralistes, comme le Dr Csaba Kiss. Il refuse carrément de vacciner dans son dispensaire, parce que l’espace est trop réduit.
On ne peut pas faire respecter la distance entre les gens. Et parmi mes patients, il y en a peut-être qui sont positifs sans le savoir. Avec ce système, on ne protège pas les gens, on diffuse l’épidémie.
Dr Kissà franceinfo
Selon le Dr Kiss, il vaudrait mieux vacciner dans des gymnases, comme le font la plupart des pays. D’un côté, le nombre de personnes contaminées monte en flèche, et de l’autre, on vaccine beaucoup. C’est une véritable course contre la montre, pour battre le virus de vitesse.
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