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En Espagne, la Catalogne réhabilite les sorcières

Le parlement de la Catalogne a approuvé mercredi une résolution visant à réhabiliter la mémoire de centaines de femmes exécutées pour sorcellerie entre les XIVe et XVIIe siècles et qui ont été "victimes d’une persécution misogyne".

Article rédigé par franceinfo - Henry de Laguérie
Radio France
Publié
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Le parlement de la Catalogne à Barcelone durant une session, le 28 mars 2018. Photo d'illustration. (LLUIS GENE / AFP)

Le Parlement de la Catalogne a demandé pardon aux victimes des procès en sorcellerie. Une résolution a été adoptée mercredi 26 janvier au palais de la Généralité de Catalogne, à Barcelone. Ce texte voté par la majorité indépendantiste et la gauche indique que ces femmes ont été "victimes d’une persécution misogyne". Elles avaient la réputation de servir le diable, de provoquer des maladies ou encore de gâcher les récoltes. Entre le XIVe et le XVIIe siècle en Catalogne, selon des historiens, plus de 1 000 femmes ont été jugées pour sorcellerie et le plus souvent condamnée à mort.

Plusieurs siècles plus tard, le parlement a donc présenté ses excuses. "C’est un acte de réparation historique envers la mémoire de toutes ces femmes accusées de délits fictifs, développe Tania Verge, conseillère à l'Égalité et au Féminisme  du gouvernement de la Généralité de Catalogne, est à l’origine de cette résolution. C’est le résultat de la superstition de l’époque mais aussi de la volonté de contrôler les femmes. C’étaient des femmes qui avaient des connaissances sur la sexualité, sur les plantes. Et puis elles étaient marginalisées parce qu’elles venaient d’ailleurs.”

“Ces femmes étaient âgées ou veuves et elles ont été victimes du premier féminicide institutionnalisé de l’histoire. Un féminicide, c’est l’assassinat d’une femme pour le seul fait d’être une femme. C’est ce qu’il s’est passé !"

Tania Verge, conseillère à l'Égalité et au Féminisme du gouvernement de la Généralité de Catalogne

à franceinfo

Cette réhabilitation s’inscrit donc dans un discours féministe. Un lien est fait avec les femmes d’aujourd’hui. “Avant, on nous appelait les sorcières, maintenant on nous traite d’hystériques”, a déclaré à la tribune une députée favorable au texte. 

"Un des épicentres de la chasse aux sorcières"

Mais cette reconnaissance ne fait pas l’unanimité. La droite a voté contre un acte de repentance qu’elle juge inutile. Tout comme Antonio Gallego, député de Vox, classé à l'extrême droite : “Aucun citoyen normal en Catalogne et en Espagne ne peut comprendre que la priorité politique du moment, c’est de débattre sur les sorcières. Franchement, c’est ridicule ! C’est une grossière manipulation historique pour construire un récit qui s’ajuste à leurs discours politiques actuels."

La Catalogne n’est pas le premier territoire à réhabiliter la mémoire de ces femmes Mais la chasse aux sorcières a été particulièrement intense dans la région. “Des actes de réparation ont déjà eu lieu en Suisse, en Norvège ou en Allemagne, rappelle Tania Verge. Mais la Catalogne a été l’un des épicentres de la chasse aux sorcières. C’est l’un des endroits où il y a eu le plus d’assassinats de femmes. Et en même temps, c’est l’un des premiers lieux où sont documentés ces procès en sorcellerie.” Après le vote de cette résolution, des noms de femmes exécutées pour sorcellerie seront données à des rues dans des villes de Catalogne. L’histoire de celles qu’on appelait les sorcières devra désormais être enseignée à l’école.

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