En Égypte, des habitants se battent contre la destruction d'un quartier du Caire
C’est l’une des rares mobilisations populaires dans l’Égypte du président Sissi où les mouvements de protestation s’exposent à la répression du régime.
Le triangle Maspero est idéalement situé en plein cœur de la capitale égyptienne, juste au bord du Nil, et éveille ainsi l’appétit des promoteurs. En effet, c’est pour faire place à un méga projet d’investissement immobilier que les bulldozers menacent d’engloutir des immeubles datant du XIXe et du début du XXe siècle. C’est l’époque où le khédive Ismaïl Pacha, influencé par le barron Haussmann, rêve de transformer le Caire en un Paris du Moyen-Orient.
Un immense tas de gravat
Le triangle Maspero, deux fois la taille du Stade de France, est aujourd’hui réduit à un immense tas de gravats à l’exception de cette petite dizaine d’immeubles classés, en bordure d’une artère autrefois majestueuse, porte d’entrée vers le centre du Caire depuis les berges du Nil.
On trouve au numéro 54 la boutique de Ossam Sayed Ahmed, une enseigne de montres vieille de 112 ans. "C’est ici que travaillait l’horloger du roi et de toute la famille royale égyptienne, raconte le commerçant. Cette boutique a traversé des périodes majeures de l'histoire de l’Égypte puisqu’elle a connu à la fois la monarchie et la République."
La valeur de ce patrimoine peut-elle peser face aux investisseurs ?
Même si leurs chances sont faibles, les habitants ont décidé de se battre. Les autorités soutiennent le projet immobilier. Elles ont déjà retiré ces bâtiments des listes des édifices classés et tentent par tous les moyens de déloger les derniers occupants. Ahmed Abdel Fatah a lancé une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux. Il raconte que les autorités ont tout fait pour vider une maison historique du quartier, avant de la faire démolir, une semaine plus tard.
Ils ont coupé l’eau et l’électricité pour rendre la vie des résidents impossible et les faire partir
Ahmed Abdel Fatah, un habitant du quartier Maspero
Pour s’opposer aux démolitions mais aussi aux compensations dérisoires qui leur sont promises, ces habitants mobilisés ont porté l’affaire devant la justice. Le procès se tiendra à la fin du mois. D’ici-là, ils assurent une présence continue dans leurs appartements, de peur qu’ils soient détruits en leur absence.
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