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En direct du monde. La maltraitance des handicapés mentaux en Hongrie portée devant la Commission européenne

Une ONG pour la défense des handicapés mentaux révèle de graves cas de maltraitance et des traitements apparentés à de la torture en Hongrie sur des handicapés mentaux. Elle présente son rapport ce mercredi à Bruxelles.

Article rédigé par franceinfo, Florence La Bruyère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Certains résidents présentaient des blessures non traitées au visage et près des yeux. (Mental Disability Advocacy Centre)

En Hongrie, des handicapés mentaux seraient soumis à de graves maltraitances et à des traitements qui s’apparentent à de la torture. C’est ce que révèle l’association pour la défense des handicapés mentaux  (Mental Disability Advocacy Centre). Cette ONG internationale basée à Budapest présente son rapport mercredi 10 mai à Bruxelles. 

Patients décharnés, lits semblables à des cages 

Les experts de cette ONG ont réussi pénétrer dans une institution d’État, qui héberge plus de 200 handicapés physiques et mentaux, à 30 km de Budapest.

Un jeune résident attaché au pied de son lit par une sangle. (Mental Disability Advocacy Centre)

À l’intérieur, des enfants et des adultes enfermés dans des lits semblables à des cages, d’autres dans des camisoles ou attachés à leur chaise roulante.Certains résidents présentaient des blessures au visage et près des yeux, qu’ils se sont peut-être infligées eux-mêmes, mais dont les plaies n'ont pas été soignées. Beaucoup souffrent d’une atrophie des muscles, causée non par leur handicap mais par le fait qu’ils ne marchent pas.

>>  Consultez le rapport (en anglais)

En outre, la plupart d’entre eux, décharnés, présentent un état grave de dénutrition. Enfin, l’ONG soupçonne des maltraitances de la part du personnel, y compris des violences sexuelles.

La plupart des résidents présentent un état grave de dénutrition. (Mental Disability Advocacy Centre)

Forte de ce constat alarmant, l’ONG a porté plainte la semaine dernière à la police hongroise, pour violences et mauvais traitements pouvant relever de la torture. Cette dernière a ouvert une enquête. Et puisque l’établissement a reçu des fonds européens, l’ONG demande à la Commission européenne de diligenter une enquête.

Les autorités hongroises savaient 

Il semble évident que les autorités hongroises ne pouvait méconnaitre la situation : en novembre dernier, des experts de l’ONG avaient déjà voulu visiter l’institution. Lorsqu’ils se présentent, un représentant du ministère les attend devant la porte et leur interdit l’accès… Seule une députée d’opposition a pu entrer. Elle racontera que ce jour-là, de nombreux kinésithérapeutes massaient les patients, tandis qu’une fête était organisée pour les malades et qu’un résident jouait de la guitare. Selon la députée, il s’agissait d’une mise en scène. 

Le personnel est sous-payé 

Dans ce type d’établissement, on ne compte que deux soignants pour quarante malades. Avec en moyenne un salaire de 400 euros par mois, le personnel médical est par ailleurs sous payé : beaucoup partent travailler en Allemagne, où ils gagnent cinq fois plus.

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