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En direct du monde. En Inde, l'effacement des dettes des agriculteurs en détresse a coûté beaucoup d'argent

Plus de 3 000 agriculteurs se sont suicidés en 2015 pour le seul Etat du Maharashtra, suite à la sécheresse. Il vient d'effacer la dette des agriculteurs pour plus de quatre milliards d'euros.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Farcis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La sécheresse en Inde désespère ujn paysan, à Mysuru. (S NAGENDRA / THE TIMES OF INDIA)

En Inde, le grand Etat du Maharashtra, avec comme capitale Bombay, vient d'accepter d'effacer les dettes de plus de six millions d'agriculteurs : cela devrait coûter au gouvernement régional plus de quatre milliards d'euros. Et ce n'est pas le seul Etat indien à devoir venir en aide aux fermiers en détresse. 

Le cas du Maharashtra est emblématique mais loin d'être isolé. Ce sont en fait les agriculteurs de tout le pays qui sont à genoux, car les pluies ont été plus faibles que la normale pendant les deux dernières années (environ 13 % de moins). Or environ la moitié des terres agricoles indiennes ne sont pas irriguées et sont donc alimentées uniquement par ces pluies. L’autre explication, c’est l'utilisation excessive d'engrais chimiques : depuis les années 60, le gouvernement indien a subventionné leur achat, ce qui a permis au pays d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Mais aujourd'hui, les terres sont fatiguées, les produits moins efficaces et les paysans doivent en acheter de plus en plus et ils s'endettent en conséquence. Quand ils ne peuvent plus payer, ils désespèrent : plus de 3 000 agriculteurs se sont suicidés en 2015 pour le seul Etat du Maharashtra, le plus touché par ce fléau.

Les gouvernements régionaux au secours de ces paysans

C'est le plus grand Etat du pays qui a inauguré cette mesure il y a trois mois ; les élus de l'Uttar Pradesh, dans le nord-est de l'Inde, ont annoncé l'annulation des dettes de ses agriculteurs, ce qui était une promesse-phare de leur récente campagne électorale. Cela coûtera plus de cinq milliards d'euros. Du coup, les fermiers du reste du pays ont commencé à faire pression pour obtenir la même chose. Le Maharashtra a donc été le premier à céder cette semaine, après des grèves qui ont fait flamber les prix agricoles. Et la note devrait être aussi salée pour ce gouvernement de Bombay. Maintenant, cinq autres autres gouvernement régionaux font face aux mêmes revendications. Et celles ci sont difficiles à ignorer car en Inde, plus de quatre actifs sur 10 dépendent de l'agriculture pour vivre.

Ces dépenses pourraient avoir de graves conséquences sur l'économie

La banque Merryl Lynch a estimé que si tous ces Etats passaient l'éponge sur ces dettes agricoles, la facture s'élèverait à plus de 41 milliards d'euros, soit l'équivalent de 2 % du PIB indien. Ces mesures populistes apaiseraient certes les paysans à court terme, mais ne résoudront en rien les problèmes de fond. Au contraire : cela réduirait certainement la capacité financière de ces mêmes Etats à investir dans des systèmes d'irrigation pour éviter que les agriculteurs dépendent d'un climat en plein bouleversement.

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