En direct du monde. En Belgique, les autorités montrent les dents pour lutter contre le braconnage des éléphants
"Sors tes dents", c’est le nom de la campagne lancée par le gouvernement belge pour récupérer des objets en ivoire, qui seront ensuite détruits, pour ne pas alimenter le marché noir.
Quelques mois avant l'été, les autorités belges ont lancé un message aux touristes qui se rendraient en Afrique ou en Asie pendant les vacances. Elles rappellent qu’il est impossible de fabriquer des peignes, broches, ou autres pendentifs en ivoire sans retirer la défense d’un éléphant, donc sans l’abattre. Cette campagne de sensibilisation intitulée "Sors tes dents", vise à récupérer des objets en ivoire, qui seront ensuite détruits, pour ne pas alimenter le marché noir. Objectif : lutter contre le braconnage des éléphants.
Une législation européenne trop complexe
"Si vous achetez de l'ivoire sur un marché local à l'étranger, vous n'avez aucune garantie qu'il soit légal. Vous risquez de vous faire ouvrir les bagages à la douane et peut-être même de prendre une amende", avertit Joëlle Smeets, porte-parole au ministère belge de l’environnement, à l’initiative de la campagne. Par ivoire illégal, il faut comprendre de l’ivoire qui date d’après 1990, donc après l’interdiction mondiale du commerce d’ivoire.
Malgré cette mesure, de l'ivoire est encore vendu illégalement en Europe car la législation européenne est bien trop complexe, selon les organisations de défense des animaux. Pour vendre un objet en ivoire, il faut prouver quand l’ivoire a été prélevé, ce qui, dans la pratique, s'avère très compliqué. Des scientifiques de l’université d’Oxford ont donc testé l’ancienneté d’une centaine de pièces achetées sur le marché européen. Résultat : un cinquième des objets, pourtant commercialisés comme des antiquités, sont en fait issus d’éléphants tués après l’interdiction mondiale du commerce d’ivoire.
Interdiction totale, taxation... Des pistes à l'étude
Les organisations de défense des animaux demandent à l’Europe d’en faire plus. "Il faudrait vraiment interdire l'ivoire brut et l'ivoire travaillé, avec peut-être quelques exceptions pour des instruments de musique ou d'autres objets très anciens, qui pourraient par exemple être échangés par des musées", plaide Arnaud Goessens de Wildlife Conservation Society. L’Europe devrait faire une série de propositions à la rentrée.
Une interdiction totale du commerce de l'ivoire ne ravit pas du tout les antiquaires. Pour eux, ce genre de mesures ne ferait qu’alimenter le marché noir. "Pourquoi ne pas taxer le commerce de l'ivoire 2 à 5% de la valeur vendue pour défendre les animaux et les éléphants en particulier ?", propose Patrick Mestagh, antiquaire à Bruxelles. "Aujourd'hui, il y a des touristes qui, au menu de leur loge de safari, ont la faculté de tuer un éléphant ou un lion au prix de 20 000 dollars ou 30 000 dollars. C'est invraisemblable !" poursuit-il.
Chaque année, 25 000 éléphants sont abattus. Si cette tendance se poursuit, les pachydermes risquent de disparaître d’Afrique centrale, préviennent les organisations de défense des animaux.
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