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En direct du monde. En Afrique du Sud, recrudescence des scandales à caractère raciste

La période des fêtes voit presque chaque année une augmentation des scandales à caractère raciste, des polémiques amplifiées par les réseaux sociaux. Ces nombreux scandales de racisme montrent bien que l'Afrique du Sud n'en a pas fini avec ses démons.

Article rédigé par franceinfo, Nicolas Teillard - Liza Fabbian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation d'étudiants contre le racisme à Johannesburg en Afrique du Sud, le 18 octobre 2016. (GIANLUIGI GUERCIA / AFP)

En Afrique du Sud, les affaires de racisme se succèdent et se ressemblent, malheureusement. Bien souvent, ce sont les réseaux sociaux qui servent de chambre d'écho aux dérapages racistes. Qu'il s'agisse d'un commentaire déplacé posté sur Facebook et bien vite repéré, ou d'une vidéo à charge, largement diffusée. Il n'en faut généralement pas plus pour lancer une polémique nationale dans un pays encore profondément marqué par les divisions de l'apartheid. Dernier exemple en date, c'est la diffusion sur Twitter d'une photographie montrant la note d'un établissement huppé de la ville du Cap, sur laquelle on peut lire "deux noirs"... En clair : au lieu d'utiliser un numéro de table, le serveur choisi de définir ses clients par leur couleur de peau. Une initiative jugée raciste qui a été massivement dénoncée sur Twitter où la photographie de la facture incriminée a été partagée plus d'un millier de fois.

Les responsables politiques n'ont pas tardé à se saisir de l'affaire : la ligue de jeunesse du Congrès national africain a notamment appelé à un durcissement de la loi.

Un racisme récurrent à cette période de l'année

Déjà, parce que l'actualité est au point mort : la période des fêtes en Afrique du Sud correspond aussi aux grandes vacances d'été dans le pays. Mais il y a aussi une raison historique : durant l'apartheid, les noirs avaient un accès très limité aux plages dans les grandes villes sud-africaines et aujourd'hui encore, ces espaces sont surtout fréquentés par les Blancs tout au long de l'année. Sauf à cette période, où la situation change radicalement : c'est une tradition désormais, entre Noël et le jour de l'an, les plages et le bord de mer deviennent des lieux de fête et de rassemblement pour la population noire qui économise toute l'année pour se payer ces quelques jours d'évasion. Donc forcément, la sociologie de ces lieux change radicalement et cela provoque certaines réactions épidermiques.

Une affaire de ce type avait défrayé la chronique l'année dernière déjà, lorsqu'une membre du principal parti d'opposition (l'Alliance Démocratique) avait accusé les Noirs de salir les plages sud-africaines. L'histoire est encore dans toutes les mémoires. En janvier 2016, Penny Sparrow, un agent immobilièr, avait comparé les Noirs à des singes, en les accusant d'abîmer les plages sud-africaines. L'affaire avait fait grand bruit, et Penny Sparrow avait finalement été condamné à verser 8 700 euros à une fondation philanthropique, pour "discours haineux ".

Ces polémiques montrent bien que l'Afrique du Sud est toujours meurtrie, 21 ans après la fin de l'apartheid. D'un côté, le racisme et les discriminations institutionnalisées persistent. De l'autre, la population noire ressent toujours beaucoup de rancoeur face aux injustices socio-économiques héritées du passé. Des sentiments qui ont tôt fait d'être exacerbés à l'heure des réseaux sociaux.

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