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En direct du monde. Au Royaume-Uni, une chaîne de pubs ne servira plus de champagne français

Dans les pubs de la chaîne britannique Whetherspoons, les clients ne pourront plus commander, à compter du 9 juillet, de champagne français. Une décision prise afin de privilégier les boissons fabriquées au Royaume-Uni, Brexit oblige. 

Article rédigé par franceinfo - Aude Soufi
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Tim Martin, fondateur de la chaîne britannique Wetherspoons, est un fervent partisan de l'Union européenne.  (BEN STANSALL / AFP)

Les clients de la célèbre chaîne de pubs Whetherspoons ne pourront plus commander de champagne français ou de bière allemande à partir de ce lundi 9 juillet. Une décision prise le 13 juin dernier par le fondateur de la chaîne, Tim Martin, qui a fait campagne pour le Brexit lors du référendum du 23 juin 2016. Il a toujours eu des idées tranchées et très critiques sur l’Union européenne, considérant que l'union douanière est "un système protectionniste".

Dans les 880 pubs Wethserpoons que compte le pays, le champagne sera donc remplacé par des vins pétillants britanniques et les bières allemandes par des mousses blanches brassées au Royaume-Uni ou aux États-Unis, annonce Tim Martin dans un communiqué.

Une décision économique avant tout

Il s'agit, selon lui, moins d'une prise de position politique qu’une stratégie commerciale. "Nous importons déjà des biens du reste du monde et ils vont devenir moins chers quand les coûts d’importation que l’Union européenne impose aux produits venant de pays hors-UE vont être éliminés après le Brexit, justifie le président du groupe. Nous pensons donc que ça va être bon pour les affaires", poursuit-il. Le climat ambiant a également motivé le patron de la chaîne de pubs :

Les gens au Royaume-Uni sont en colère parce qu’on nous demande de payer 40 milliards de livres à l’Union européenne. La tendance est donc de prêter allégeance à des pays plus amicaux.

Tim Martin, fondateur du groupe Wetherspoons

à franceinfo

Tim Martin ne va pas s’arrêter là. Le contrat avec son fournisseur de prosecco italien court jusqu’au mois de mars mais il va ensuite songer à le remplacer. Même chose pour le cognac français. En revanche, Wetherspoons continuera à servir du cidre suédois parce que le brasseur s'est engagé à le produire au Royaume-Uni après le Brexit.

Sa vision va plutôt à l'encontre de celle défendue en général par les chefs d’entreprises qui sont opposés au Brexit, ou du moins à un Brexit dur. Certains patrons de grands groupes, qui pèsent lourds dans l'économie britannique, ont même menacé, ces dernières semaines, de réduire leurs investissements dans le pays en cas de Brexit dur ou en cas d’absence d’accord entre le gouvernement britannique et Bruxelles.

Des grands groupes mettent la pression sur la Grande-Bretagne

Après l'avionneur européen Airbus et le groupe industriel allemand Siemens, qui emploie chacun 15 000 personnes au Royaume-Uni, c'est au tour du constructeur automobile BMW, qui compte 8 000 salariés britanniques, de mettre la pression sur le gouvernement britannique. Puis de Ralf Speth, à la tête premier constructeur automobile britannique, Jaguar Land Rover, qui a mis en garde, le 5 juillet dernier, le gouvernement en agitant le spectre de fermetures d’usines. Une menace forte puisque la marque fait travailler directement 40 000 personnes au Royaume-Uni, sans compter tous les sous-traitants.

Il faut croire qu’ils ont été entendus par la Première ministre Theresa May. Le livre blanc, qui sera publié cette semaine, propose la création d'une zone de libre-échange entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne. Le plan de la chef du gouvernement envisage d’appliquer les droits de douane et les règles commerciales de chaque partie aux biens qui lui sont destinés, et ainsi, d'éviter les embouteillages à la frontière.

Mais pour certains cela ne va pas assez loin : cent chefs d’entreprises, comme Innocent, Prêt à manger ou Domino’s Pizza ont signé une lettre critiquant le coût, la complexité et la bureaucratie d’une telle solution. Ils demandent aux députés de faire pression pour rester dans l’union douanière.

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