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En direct du monde. Au Mexique, la "guerre des fromages" fait rage avec l'Union européenne

Au Mexique, on peut manger toutes sortes de fromages. Ils portent les mêmes noms qu'en Europe : parmesan, manchego, camembert, mais n'ont pas les mêmes recettes. L’Union européenne veut faire respecter ses appellations d’origine protégée.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Steels
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le camembert AOP de Normandie pourra être fabriqué à base de lait pasteurisé, ce qui risque d'affecter son goût, dénoncent des chefs dans une tribune à "Libération", le 15 mai 2018. (HOUIN/AFP)

Au Mexique, on mange des fromages qui portent le même nom qu'en Europe, comme le parmesan ou le camembert, mais ils n'ont rien à voir avec ceux que l’on connaît en Europe. Le nom est le même, mais ces fromages sont produits localement sans forcément respecter les mêmes recettes. L’Union européenne n’est pas d’accord. Elle veut faire respecter ses appellations d’origine protégée. Sauf que les Mexicains, eux, n’ont pas du tout l’intention de changer le nom de leurs fromages.

Désaccord sur l'appellation d'origine protégée

Les producteurs mexicains sont bien décidés à continuer d’utiliser ces noms, par exemple “manchego”, “parmesan”, “mozzarella”, “edam” ou “gouda”. D’après eux ce sont des noms génériques qui sont passés dans le langage commun depuis belle lurette. De plus, les marques mexicaines disent qu’elles ont créé un marché pour ces fromages, même s’ils sont différents des Européens. Ce qui est troublant, car le manchego ou le gouda tels qu’ils sont vendus au Mexique, n’ont rien à voir avec les fromages originaux, ce ne sont pas du tout les mêmes produits. Dans le cas du camembert ou du roquefort, c’est un peu différent parce que leurs versions mexicaines tentent de ressembler à l’original français. Ce qui, de toute façon, pour l’Union européenne, constitue une utilisation abusive des appellations d’origine protégée. Mais l’industrie laitière au Mexique dit que cette mesure ferait chuter les ventes, car les consommateurs connaissent ces produits sous ces noms-là.

Une polémique entre l'UE et le Mexique tardive

Depuis plusieurs mois, l’Union européenne et le Mexique travaillent sur la modernisation de leur Accord de libre-échange, qui date de 1996 et qui était devenu obsolète dans plusieurs domaines. L’Union européenne propose donc d’inscrire le respect des appellations d’origine protégée dans le nouvel accord. Et la liste est longue. Pas moins de 56 fromages sont concernés, mais aussi toute une série d’aliments, du beurre, des huiles, des vins, du champagne.

Evidemment, la réciprocité s’appliquerait, avec l’obligation des pays européens de respecter les appellations mexicaines, comme la tequila, certains piments, certains types de vanille par exemple. Mais qu’importe, pour le moment, les Mexicains s’opposent farouchement à ces règles, pour les fromages.

Au Mexique, on parle de “guerre des fromages” 

Au Mexique, on commence à parler de “la guerra de los quesos”. En réalité, la querelle n’est pas si virulente, mais c’est un clin d’oeil à l’Histoire, une référence à “la guerre des pâtisseries”, qui avait opposé le Mexique et la France en 1838, suite aux agressions subies par des commerçants français à Mexico et notamment le pillage d’une pâtisserie.

Comme le gouvernement mexicain de l’époque refusait d’indemniser des victimes, les navires français avaient imposé un blocus dans le port de Veracruz et il y avait eu un bref conflit armé, qui avait fait une centaine de morts. Mais aujourd’hui on ne devrait pas en arriver à ces extrémités, même si on en fait tout un fromage.

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