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En direct du monde. Au Canada, 70 000 candidatures pour aller travailler sur une île

C’est l’histoire d’une petite épicerie dans un village canadien de 400 habitants, perdu dans une île grande comme la région parisienne et habitée par seulement 130 000 habitants. Les propriétaires ont passé une petite annonce qui a obtenu un succès phénoménal. 

Radio France
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Port de pêche à Cap-Breton au Canada, le 1er janvier 2012. (WOLFGANG KAEHLER / LIGHTROCKET)

Une petite annonce pour trouver du personnel dans une épicerie sur une île canadienne a été un succès total. Les deux sœurs propriétaires, lassées de ne pas trouver de main-d’œuvre locale, ont opté pour une offre d’emploi pour trouver trois nouveaux membres pour leur personnel, postée sur la page Facebook de leur commerce. Et en moins de temps qu’il ne faut pour parcourir la terre en avion, leur message a été partagé des dizaines de milliers de fois. Elles ont reçu près de 70 000 candidatures, venues d’aussi loin que du Japon ou de Colombie. Des gens prêts à tout laisser tomber pour découvrir le Cap-Breton, situé à l'extrême est du Canada en Nouvelle-Écosse.

Il faut dire que les deux sœurs n’offraient pas seulement un emploi au Farmer daughter Country, leur commerce qui sert de boulangerie, d’épicerie et de quartier général du village. Elles proposaient aussi un milieu de vie convivial, où tout le monde se connaît, en plus d’offrir un hectare et demi de terrain dans le contrat de travail. Autrement dit, tous les employés qui travailleront cinq ans au minimum avec elles deviennent automatiquement propriétaires d’un bout de terre sur leur domaine familial essentiellement des collines boisées.

Pourquoi avoir pensé à proposer un terrain en prime ?

Tout simplement parce que le Cap-Breton perd ses habitants à vitesse grand V. Chaque année depuis 20 ans, un millier de personnes quittent ce bout de terre qui a accueilli des immigrants écossais en grand nombre au XIXe siècle. À l’écart des grandes villes et des grands entreprises, l’ile se désertifie. Héritières d’une ferme familiale qui ne produit plus aujourd’hui, les filles Austin veulent relancer leur coin de pays, et y attirer des familles qui ont envie d’élever leurs enfants à la campagne, dans une communauté qui se tient les coudes.

Parmi le flot de candidats qui ont postulé, elles ont donc choisi des gens qui semblent partager leur envie de vivre simplement, et avec les autres, notamment un couple de Colombie-Britannique à l’extrême ouest du pays qui avaient tout largué sept mois auparavant pour vivre dans leur caravane avec leurs deux enfants. Ils viennent d’arriver dans le village de Whycocomagh, là où se trouve l’épicerie, et rêvent déjà de bâtir leur maison.

Peut-on imaginer que s’installer dans un village où tout le monde se connaît risque de poser quelques difficultés ?

Pour l’instant, tout le monde dans la localité semble être bien content de voir arriver de nouveaux citoyens, prêts à s’investir et à partager leur façon de vivre. Leur intégration dans les prochains mois au Cap-Breton pourrait d’ailleurs faire l’objet d’une série de documentaires. Les propriétaires de l’épicerie ont même été contactées par des producteurs de télé qui voulaient filmer une téléréalité sur le village.

Actuellement, elles pensent davantage à des documentaires qui mettraient en avant la façon de bâtir des maisons en respectant l’environnement, ou mettant en valeur les particularités culturelles de leur île. Au Cap-Breton, les enfants peuvent apprendre la langue gaélique à l’école, et les plus vieux danser à la façon traditionnelle écossaise plusieurs soirs par semaine.

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