En direct du monde. Au Brésil, une campagne pour rendre les objets de la culture afro-brésilienne a été lancée
La campagne "Rendez-nous nos objets sacrés" au Brésil a été initiée pour récupérer les objets rituels des religions afro-brésiliennes, confisqués par la police brésilienne depuis plus de cent ans. Laquelle refuse, pour l'instant, de les restituer.
Au Brésil, une campagne un peu particulière a débuté, rassemblant à Rio de Janeiro, intellectuels, politiques, membres du mouvement noir et religieux. La campagne "Rendez-nous nos objets sacrés" a pour objectif de récupérer les objets des religions afro-brésiliennes confisqués par la police brésilienne depuis plus d’un siècle.
Considérés comme objets de magie noire
Ces objets sont sacrés pour les religions, puisqu’ils ont tous une fonction précise dans la liturgie, mais la police les avait confisqués à partir de 1890. Un nouveau Code pénal est alors en vigueur qui criminalise le charlatanisme, la médecine illégale et la magie noire. Pour les policiers d'antan, ces objets étaient assimilés à des objets de magie noire : à cette époque, on ne comprend pas la religiosité de la population noire. Et, de fait, on ne cherche pas à la comprendre. Deux ans auparavant, en 1888 le Brésil avait aboli l’esclavage : c’est le dernier pays au monde à le faire, et dans la pratique, il faudra attendre plusieurs année pour le voir complètement disparu.
Le Brésil a évolué
Le Code pénal a évolué et la police ne peut plus s'inviter inopinément dans un lieu de culte pour confisquer les objets du rituel. Les objets qui ont été gardés par la police ont été classés par l’Institut du patrimoine brésilien, mais les religions afro-brésiliennes connaissent toujours une forte discrimination. D'abord par les catholiques au début du XXe siècle, et aujourd’hui par les évangéliques qui les considèrent comme les religions du diable. En 2007, le président Lula avait créé un jour national contre l’intolérance religieuse car les trois millions de Brésiliens qui pratiquent ces religions afro sont attaqués, parfois très violemment. Leurs lieux de culte et leurs objets rituels, eux, sont toujours dénigrés.
La police refuse de les rendre
On compte actuellement quelque 200 de ces objets dans les réserves du Musée de la police à Rio : certains sont exposés au milieu d’armes et de croix gammées, autres prises de la police de Rio. La police refuse obstinément pour l'instant de les rendre, ressuscitant la lutte des pays d’Amérique latine pour récupérer leurs objets ancestraux, exposés dans les musées européens.
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