En Corée du Sud, la délation est récompensée pour lutter contre le Covid-19
Au pays du matin calme, le gouvernement a mis en place une plateforme de délation pour inciter les Sud-coréens à dénoncer ceux qui enfreignent les règles sanitaires liées au Covid-19.
La pratique de la délation récompensée en Corée du Sud n’est pas apparue avec le Covid-19. Depuis de nombreuses années, il existe une liste d’infractions qui peuvent-être rapportées aux autorités, en échange d’une éventuelle compensation financière. Ceux qui partent à la recherche des manquements de leurs concitoyens sont appelés les "Paparazzi". En l’occurrence, des "Coparazzi" pour ceux qui dénoncent des infractions liées aux règles sanitaires.
Le gouvernement sud-coréen a mis en place une plateforme assez simple d’utilisation. Park Jong-hyun, responsable de la communication du ministère de l’Intérieur sur le sujet, explique comment s’en servir : "Il existe différentes catégories, il vous suffit d’aller sur l’onglet où il est inscrit 'rapport sur le coronavirus'. Ensuite, vous pouvez choisir le type d’infractions, non-port du masque, rupture de la quatorzaine ou autre. Il faut ajouter des photos et des vidéos qui feront office de preuve et enfin, votre rapport sera envoyé automatiquement aux autorités locales." Ensuite, les autorités prennent le relais et doivent agir en conséquence. Elles ont une semaine pour rendre des comptes au citoyen.
De 75 à 750 euros de prime
Les récompenses en échange des signalements sont assez variables. Seule une soixantaine d’excellents "paparazzis" seront récompensés par le ministère de l'Administration publique avec une somme aux alentours de 75 euros. Mais certaines villes ont décidé de faire monter les enchères, comme Daejon qui a débloqué un budget de 12 200 euros pour les 116 meilleurs délateurs de la ville. Le champion repartira avec 1 millions de wons, soit 750 euros.
Difficile cependant de mesurer l’efficacité de la plateforme, mais son succès, lui, est croissant. "Depuis un mois, les nouveaux cas quotidiens sont au-dessus de 1 000 et le nombre de personnes qui utilisent l’application a rapidement augmenté, explique Park Jong-hyun. Au début, nous avions assez peu de rapport, mais avec la hausse des cas, il y a eu une hausse des signalements. Nous en avons des dizaines de milliers chaque jour." Si cette pratique est connue, elle n’en est pas moins assez décriée en Corée du Sud. De nombreux internautes s’émouvaient récemment que ces rapports de délation étaient une atteinte trop importante au droit à la vie privée.
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