En Colombie, les mesures de protection de l’environnement du nouveau président ne font pas l’unanimité
Depuis son arrivée au pouvoir, Gustavo Petro lance des réformes et prend des décisions radicales. Parmi elles : l’arrêt progressif de l’exploitation pétrolière et la protection de l'Amazonie.
Déjà plus d’un mois que le nouveau président de Colombie a pris ses fonctions. Gustavo Petro, le premier chef d’Etat de gauche de l’histoire du pays andin ne chôme pas. Depuis sa prise de fonction le 7 août, les réformes et décisions radicales se succèdent. Parmi elles: une réforme fiscale et celle de l’armée, la suspension des mandats d'arrêt contre des dirigeants de la guérilla l’ELN, et l’installation d’un ambassadeur colombien au Venezuela.
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La protection de l’environnement est aussi au centre de sa politique et ses propositions ne font pas l’unanimité. Ainsi, la mesure la plus importante et qui fait grand débat, c’est l’arrêt progressif de l’exploitation pétrolière. Si cette mesure était annoncée durant toute sa campagne électorale, cela inquiète les marchés nationaux et internationaux autant que les députés et sénateurs colombiens.
"On a vu des signes d’inquiétudes et des risques de fragilité de l’économie. Avant tout à cause de décisions concernant la transition énergétique. Ces annonces de fin d’exploitation du pétrole ont généré une série de débats inquiétants, confirme Andres Cano, professeur d’économie à l’université EAFIT de Medellin. Et d’autant plus que la transition serait plus rapide que prévue pour suivre le processus de croissance des pays en voie de développement. Il est important de prendre en compte le fait que 42% des exportations de la Colombie sont du pétrole et 23% du budget du pays en dépend."
L'Amazonie, l'autre chantier
Outre la transition énergétique, le nouveau président s’intéresse également à l’Amazonie. Contre la déforestation et les incendies, Gustavo Petro veut agir vite et propose la création d’un fonds d’urgence international pour la zone. Le président de la Colombie l’a annoncé fin août : il entend demander aux pays riches et aux grandes entreprises de payer les agriculteurs pour prendre soin de la forêt amazonienne et récupérer les zones déboisées. Car de nombreux incendies sont provoqués pour obtenir de nouvelles terres pour l’agriculture. Il doit présenter l’initiative à la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, qui se tiendra en Egypte en novembre prochain. L'objectif est de créer un fonds financier d’environ 500 millions de dollars par an pendant 20 ans.
Rappelons que le bassin amazonien, qui mesure 7,4 millions de km², couvre près de 40 % de l’Amérique du Sud et s’étend sur neuf pays, avec une population estimée à 34 millions d’habitants. D’après l'ONU, entre 2018 et 2021, la Colombie a perdu une superficie de 7018 km2, un peu plus que l’étendue de la ville brésilienne de Sao Paulo, à cause de la déforestation.
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