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En collectant les déchets de la Corée du Nord, un chercheur sud-coréen tente d'étudier la vie secrète de ses voisins

Depuis trois ans, la Corée du Nord est plus verrouillée que jamais, ses frontières sont fermées au nom de la lutte contre le Covid. Alors, un chercheur sud-coréen a trouvé une idée mieux comprendre la vie de ses voisins en triant des déchets récupérés sur les plages.
Article rédigé par franceinfo - Nicolas Rocca
Radio France
Publié Mis à jour
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La côte nord-coréenne vue de l'île de Yeonpyeong (illustration). (JEON HEON-KYUN / POOL / VIA AFP)

Kang Dong-Wan est un chercheur sud-coréen aux méthodes peu communes. Il travaille pour l’université Dong-A de Busan, tout au sud de la péninsule et son bureau ressemble à un véritable petit musée consacré à la Corée du Nord, avec d’immenses tableaux et des affiches de propagande. "Ça, c’est une peinture que j’achète en Chine et qu’ensuite, je me fais envoyer par la Poste", montre-t-il. 

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Et puis, il y a les fameux déchets qu’il s’est mis en tête de récolter sur les plages du sud pour percer le secret des populations nord-coréennes, recluses depuis trois ans au nom de la lutte contre le Covid. "Je les catégorise. Ce que vous voyez là, ce sont des déchets que j’ai récupérés très récemment. Avant, je travaillais dans la zone frontalière entre la Chine et la Corée du Nord, j’y rencontrais des transfuges nord-coréens et je prenais des photos du pays. Mais à cause de la pandémie de Covid, je ne pouvais plus aller en Chine, donc j’ai cherché un moyen pour continuer à étudier la Corée du Nord depuis la Corée du Sud et je me suis rendu vers la mer de l’Ouest et plus précisément sur l’île de Yeonpyeong".

Des indices sur la consommation ou la politique sanitaire 

Cette île, depuis laquelle on peut apercevoir la Corée du Nord dont les côtes se trouvent seulement à une dizaine de kilomètres, est une véritable mine d’information pour lui. Il s’y est donc rendu à de très nombreuses reprises pour ramasser pas loin de 3 000 déchets, qu’il classe soigneusement. Il a ainsi pu déceler des préférences de consommation des Nord-Coréens ou constaté l’incapacité du pays à importer certaines matières premières comme des cannes à sucre.

Mais il a également pu retrouver des indices sur la politique sanitaire du régime. "Là, par exemple, vous trouvez un emballage de masque. Et je peux en déduire que la Corée du Nord s’est mise à produire ses propres masques chirurgicaux pour lutter contre la pandémie. Dessus, il est inscrit les standards nationaux de fabrication et la date 2020 ce qui signifie que la Corée du Nord a commencé à fabriquer des masques après la pandémie, car il est inscrit que ce masque est efficace contre le virus", démontre le chercheur. Kang Dong-Wan parvient aussi à lire l’influence étrangère dans les emballages.

"On peut constater que les Nord-Coréens copient énormément ce qui se fait ailleurs."

Kang Dong-Wan, chercheur sud-coréen

à franceinfo

"Par exemple, sur les bonbons, on va trouver des imitations d’Hello Kitty, ou pour les nouilles instantanées, les emballages copient également ce qui se fait en Corée du Sud, montre l'universitaire. Donc cela signifie que le pays insiste sur le renforcement de son autonomie et de la production nationale et il continue de suivre la tendance internationale". Autant de déductions qu’il espère bientôt pouvoir confronter aux récits de transfuges, et à des observations à la frontière sino-coréenne. 

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