En Autriche, le "balcon de Hitler" de la mairie de Vienne révèle un rapport ambigu au passé nazi
Un collectif citoyen demande la destruction d'un balcon de l'hôtel de ville d'où Adolf Hitler prononça un discours en 1938.
Le balcon de l’hôtel de ville de Vienne d'où Adolf Hitler prononça un discours en avril 1938 est aujourd'hui au cœur des débats. Un collectif d’artistes nommé "Memory Gaps" (trous de mémoire) demande que ce balcon qui trône sur la façade de la Rathaus soit tout simplement supprimé.
Ce balcon a été spécifiquement construit pour Adolf Hitler. Le dictateur, autrichien de naissance, y a prononcé un discours le 9 avril 1938, quelques jours après l’Anschluss, le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne nazie. Le collectif demande donc que le 12 novembre prochain, le jour du 100e anniversaire de la création de la République d’Autriche, "un discours de paix" soit tenu depuis ce balcon et que celui-ci soit ensuite démoli. La mairie de Vienne a répondu en suggérant d’apposer un panneau explicatif plutôt que de le détruire.
Un travail de mémoire encore partiel
Ce débat met en lumière le rapport parfois compliqué que l’Autriche a vis-à-vis de son passé, en particulier le FPÖ, le parti d’extrême droite aujourd’hui au gouvernement. Ce parti a toujours été ambigu vis-à-vis du passé nazi de l’Autriche, notamment sous la direction de Jörg Haider de 1986 à 2000. Ce dernier avait fait scandale en louant "la politique de l’emploi" du IIIe Reich ou le "sens de l’honneur" des vétérans de la Waffen SS.
Aujourd’hui, le FPÖ veut montrer un autre visage. Son leader, Heinz-Christian Strache, a plusieurs fois condamné toute forme d’antisémitisme ou de nostalgie du nazisme. Mais beaucoup d’Autrichiens ne sont pas convaincus. D’ailleurs Heinz-Christian Strache a fait polémique, début octobre en inaugurant un monument censé rendre hommages aux femmes qui, en 1945, ont déblayé les décombres des bombardements. Des femmes qui, pour la plupart, étaient des sympathisantes nazies.
Une partie des Autrichiens sont agacés des ambiguïtés du FPÖ qui masquent le travail de mémoire effectué par le pays ces dernières années. Un travail de mémoire qui a commencé, certes, tardivement, mais qui est bien réel. Il y a même un domaine dans lequel l’Autriche fait figure de modèle : la restitution des œuvres d’art pillées par les nazis. Une commission spéciale est chargée d’enquêter au sein des collections publiques du pays, afin de repérer les œuvres spoliées durant la Seconde Guerre mondiale et les rendre aux ayants droit. Une commission qui a 20 ans cette année et qui a déjà permis de restituer 12 000 objets d’art.
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