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En Australie, des habitants de Melbourne vont être dédommagés pour le confinement "strict" de juillet 2020 contre le Covid-19

Les autorités avaient décidé en juillet 2020 d'un confinement strict des habitants d'immeubles publics à Melbourne. Ils avaient interdiction totale de quitter leur logement et étaient constamment surveillés par la police.
Article rédigé par franceinfo - Grégory Plesse
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un policier monte la garde à l'extérieur d'un lotissement public qui fait l'objet d'un confinement forcé à Melbourne le 10 juillet 2020. (WILLIAM WEST / AFP)

L'Australie a longtemps appliqué la stratégie zéro Covid-19 et en particulier dans la ville de Melbourne, dont les cinq millions d’habitants ont été confinés pendant 262 jours au total. Mais les restrictions ont été encore plus drastiques pour quelque 3 000 résidents de tours HLM, qui eux ont été soumis pendant 14 jours à un confinement très strict. 

Au moment de la deuxième vague de Covid-19, en juillet 2020, on a détecté des dizaines de cas dans ces neuf tours situées au nord de Melbourne. À cette époque il n’y avait pas encore de vaccin. De plus, ces grands immeubles en Australie sont en fait très rares. Même dans les grandes villes, la norme est à la maison individuelle. Aussi pour éviter les contaminations dans les parties communes, les autorités ont décidé un confinement strict des habitants, qui avaient interdiction totale de quitter leur logement et qui par ailleurs étaient constamment surveillés par la police.

Certains disent avoir été menacés par les policiers, et ces conditions drastiques, dans ces immeubles où une très large partie des habitants sont des réfugiés de la Corne de l’Afrique, ont réveillé chez certains des traumatismes douloureux.

Des dédommagements sans excuse

Les résidents ont par la suite lancé une action en justice contre le gouvernement de l’Etat du Victoria, et ce dernier vient d’annoncer qu’il allait leur verser cinq millions de dollars de dédommagement (environ trois millions d’euros). L'affaire a été révélée dans la presse mercredi 10 mai et s’il y a une forme de satisfaction chez les résidents, il y a aussi beaucoup d’amertume car cette offre du gouvernement n’a qu’un seul but : les faire renoncer à leur action en justice, et surtout, elle n’est pas accompagnée d’excuses.

Le médiateur de l’Etat du Victoria, qui avait été saisi de l’affaire, avait estimé que ce confinement total était bien attentatoire aux droits fondamentaux des locataires de ces immeubles, qu’il avait été imposé du jour au lendemain, sans même attendre l’avis des autorités sanitaires, et qu’en conséquence le minimum que pouvait faire le gouvernement était justement de présenter des excuses. 

On ne sait pas encore si les plaignants vont accepter cette proposition.  Aucun avocat ou résident n'a voulu répondre à nos questions, peut-être parce qu’ils ont jusqu’au 27 juin prochain pour décider s’ils acceptent le dédommagement ou pas et qu’à ce stade, ils n’ont pas encore tranché.

Ce dédommagement est au final assez faible, environ 1 000 euros par personne, mais les plaignants sont pour la plupart extrêmement pauvres, et avec la hausse généralisée des prix due à l’envolée de l’inflation, il sera surement difficile de résister. Le gouvernement du Victoria nie de son côté avoir commis tout écart, et considère qu’il a, en agissant de la sorte, sauvé de nombreuses vies. 

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