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En Allemagne, une dédicace sur un maillot de foot pour le président turc Erdogan crée la polémique

"Pour notre président." Ces quelques mots griffonnés sur un maillot offert par deux joueurs de l'équipe nationale allemande mais d'origine turque passent mal outre-Rhin.

Article rédigé par franceinfo, David Philippot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Cette photo a été prise et diffusée le 13 mai 2018 et publiée le 14 mai 2018 par le bureau de la presse présidentielle turque. Elle montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (2e à d.) posant pour une photo avec les footballeurs turcs Ilkay Gundogan (à g.), Mesut Ozil (2e à g.) et Cenk Tosun (à d.) à Londres. (KAYHAN OZER / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVI)

Une série de photos a provoqué une nouvelle source de tensions entre la Turquie et l’Allemagne. On y voit poser Recep Tayyip Erdogan, en voyage officiel en Grande-Bretagne, poser aux côtés de deux joueurs du championnat d’Angleterre et stars de l’équipe d’Allemagne : İlkay Gündoğan et Mesut Özil, tous d'eux d'origine turque. Plus que la photo, c'est la dédicace à Erdogan sur un maillot de Manchester City qui fait polémique. İlkay Gündoğan y a écrit "Pour notre président."

L'AKP, le parti politique du président s’est empressé de poster sur les réseaux sociaux, déclenchant la fureur des supporters allemands. La presse tabloïd, elle, a hurlé au coup de propagande et réclamé dans la foulée l’exclusion des deux joueurs de l’équipe nationale allemande. L’affaire est montée au nez du président de la fédération qui a accusé ces joueurs de s’être laissé manipuler par un président qui foule aux pieds les valeurs du football. Le parti politique d’extrême-droite AfD, qui rêve d’une équipe d’Allemands blancs de souche et plutôt prompt d’habitude à applaudir les méthodes autoritaires d’Erdogan, a exploité l’affaire à fond.

Joachim Löw temporise

Les deux joueurs ont regretté ces photos et les irritations qu’elles ont provoquées, au moment même où le sélectionneur allemand Joachim Löw allait présenter sa liste de joueurs pour la Coupe du Monde. Mais ce dernier a plutôt calmé le jeu : "J'ai un peu de compréhension pour ces joueurs issus de l'immigration, qui ont deux cœurs qui battent dans une seule poitrine et ce n’est pas toujours simple pour eux. Ces deux joueurs ont beaucoup œuvré pour l’intégration. Cela leur servira de leçon et nous en reparlerons à l’occasion du camp d’entrainement qui commence la semaine prochaine.

Un beau coup de com'

La polémique a rebondi jusqu’en Turquie, où les propos du président de la fédération allemande ont été jugés calomnieux par son homologue, car Erdogan est un fan de foot et ancien joueur. Le président turc, de son côté, ne s'est pas exprimé directement sur le sujet, sans doute satisfait de son coup de com' qui est aussi un bon tacle glissé au gouvernement allemand. L’Allemagne, pays où Erdogan convoite les voix d’1,4 million d'électeurs, et qui lui a interdit de faire campagne sur son sol.

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