En Allemagne, la guerre en Ukraine provoque un électrochoc sur les capacités de défense du pays
Alors le gouvernement allemand veut livrer des armes à Kiev et s’apprête à investir 100 milliards d’euros dans sa défense, l’opinion découvre avec effarement que les bunkers, sirènes d’alerte et autres mesures de protection civile ont disparu avec la fin de la guerre froide.
Il n’y a plus de bunkers en Allemagne. L’un des rares encore en place est à Berlin et c'est devenu un musée. Et lorsqu’a claqué la lourde porte en métal, c’est le silence. Ce bunker-musée pourrait abriter 2 000 Berlinois en cas de danger. Sascha Keil, officier de réserve, nous mène à travers le dédale du bunker de la Brunnenstrasse au nord de Berlin que visite ce jour-là un groupe de jeunes touristes américains. "Avant le gel de ce type d’équipements en 2007, on avait à Berlin 23 bunkers, indique Sascha Keil. À aucun moment après la Deuxième Guerre Mondiale nous n’avons eu de quoi abriter plus de 1% de la population. Quelques milliers de place, pour une population de plus de 3,5 millions d’habitants."
Le problème se pose aussi pour les sirènes car ce n’est guère mieux. Partout en Allemagne, les sirènes ont été démontées ou ne fonctionnent plus. Avec l’invasion de l’Ukraine, Berlin a débloqué des fonds pour l’installation de 5 000 sirènes dans le pays et recommandé aux habitants de constituer des stocks de nourriture, pour le cas où.
Le succès des bunkers privés
Fin mai 2022, seuls 8% des Allemands se disaient prêts à affronter une situation critique. Certains sont même franchement angoissés. La société BSSD, à Berlin, installe chaque année plus d’une centaine de bunkers privés, chez des particuliers. "Avant le déclenchement de la guerre, on avait entre 100 et 300 clics sur notre page internet, raconte Mark Schmiechen, porte-parole de BSSD. Et clac, le 25 février, on a commencé à compter plus de 10 000 clics par jour." Le porte-parole de l'entreprise nous montre un des modèles : "Il est en acier, écoutez comme il sonne bien, et le bruit de la porte qui se ferme… Bien sûr, ce n’est pas vraiment pour les claustrophobes…"
Le bunker privé, vendu plus de 10 000 euros, n’est pas pour tous les budgets. Les plus angoissés parmi les Allemands n’ont donc d’autre solution que de s’en remettre aux recommandations officielles de la sécurité civile : mettre de côté de quoi tenir plusieurs jours avec 11 litres d’eau par personne et des boîtes de conserves, et une bonne vieille radio à piles.
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