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Au Sénégal, le rappeur Akon veut créer une ville verte et futuriste qui portera le nom d'Akon City

Ce projet ambitieux, de six milliards de dollars, risque de changer radicalement le littoral et donne beaucoup d'espoir aux populations de Mbodiène, le village où sera construit la ville.

Article rédigé par franceinfo - Théa Ollivier, édité par Thomas Destelle
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le rappeur Akon s'adresse à la presse dans un hôtel de Dakar, le 31 août 2020, pour présenter le projet de création d'une ville appelée "Akon City". (SEYLLOU / AFP)

Au Sénégal, le rappeur américain Akon, d’origine sénégalaise, a posé début septembre la première pierre d’Akon City, une ville verte et futuriste. Ce projet ambitieux, doté d'un budget de six milliards de dollars, risque de changer radicalement le littoral avec son architecture qui fait un peu penser au royaume imaginaire du Wakanda dans le film Black Panther. Alors que rien n’est encore concrétisé pour le moment, le projet donne beaucoup d’espoir aux populations de Mbodiène, le village où sera construit le projet à 100 kilomètres au sud de Dakar.
 
Le rappeur espère surtout attirer les touristes et investisseurs afro-américains dans sa ville de 300 000 habitants, où seront construits des quartiers dédiés à la technologie, au cinéma, aux études, au tourisme ou à la santé. Lors de la pose de la première pierre, il s'est voulu rassurant quant à l’implication des populations locales dans ce projet. Le chanteur propose de former les agriculteurs de Mbodiène à de nouvelles technologies afin qu’ils puissent exploiter des surfaces réduites de façon productive. Akon a aussi garanti que les jeunes locaux pourront bénéficier des universités gratuitement.

"On veut du travail pour les jeunes"

Il faut savoir que le village de Mbodiène a cédé 500 hectares de terrains en 2009 à la Sapco, la société d’aménagement de la Petite Côte. Cela fait donc onze ans que les habitants attendent qu’un partenaire privé investisse dans leur région. "Akon est venu nous voir à Mbodiène pour nous dire qu’il n’est pas venu pour prendre nos terres mais pour investir au bénéfice des populations locales, créer des emplois et des infrastructures, explique Maguèye Ndao, maire de la commune de Nguéniène, dont dépend le site. Il y aura un hôpital, une caserne de sapeurs-pompiers et une gendarmerie."

J’y crois et on l'encourage parce que les gens ne travaillent pas. Il n’y a pas d’usine ici, seulement les hôtels mais c’est fermé à cause de l’épidémie.

Maguèye Ndao, maire de la commune de Nguéniène


Beaucoup d'habitants sont aussi très enthousiastes à l’idée de ce projet. Jules Marie Wally Thiamane, acteur touristique de 35 ans, reste pourtant prudent : "Nous ne voulons pas d’un Mbodiène à deux visages avec Akon city où il y a tout et à Mbodiène où il y a un ghetto ou un taudis. On donne nos terres, mais en contrepartie, on veut du travail pour les jeunes et permettre aux petits entrepreneurs comme moi de nouer des petits partenariats." 

Les populations locales ont aussi d’autres craintes. D'abord, il y a l’enjeu des indemnisations que doivent percevoir les exploitants qui ont dû céder leurs terres, alors que les litiges fonciers sont récurrents au Sénégal. L’autre enjeu sera d'intégrer une ville moderne et internationale dans un territoire rural avec ses valeurs culturelles, religieuses et ethniques. C’est ce qui inquiète Michel Diome, le chef de village : "Nous sommes des paysans, il y aura des locataires qui vont rentrer dans le village, ça peut influencer nos enfants, nos filles, vers le mauvais côté."
 
Les travaux doivent débuter en 2021, pour pouvoir terminer la première phase en 2023 et le projet final en 2030.

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