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Au Kosovo, le visa Schengen, déjà difficile à obtenir, va coûter plus cher

Les habitants du Kosovo, et notamment les jeunes, qui représentent 60% de la population, se sentent isolés par cette difficulté à obtenir le feu vert pour voyager librement en Europe.

Article rédigé par franceinfo - Louis Seiller, édité par Marina Cabiten
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme devant le drapeau du Kosovo. (ARMEND NIMANI / AFP)

Les règles pour obtenir le visa Schengen changent ces jours-ci : il va notamment coûter plus cher. Ce visa pour les pays européens est déjà particulièrement difficile à obtenir quand on est kosovar. Malgré les promesses de l'Union européenne, les citoyens de ce petit pays des Balkans attendent toujours de pouvoir voyager librement en Europe. Avec un passeport kosovar, vous ne pouvez pas vous déplacer comme vous l'entendez dans les 26 pays de l’espace Schengen.

Pour vous rendre à un rendez-vous professionnel en Italie, aller voir votre famille en Allemagne, ou faire quelques jours de tourisme en France, par exemple, il faut déposer une demande de visa. Cette démarche est souvent longue, fastidieuse, coûteuse, et surtout les demandes sont souvent rejetées. Alors dans un pays de moins de deux millions d’habitants, plus petit que l’Ile-de-France, cette situation crée une grande frustration, surtout chez les jeunes.

La jeunesse se sent isolée du reste du monde

Au Kosovo, les moins de 30 ans représentent en effet près de 60 % de la population et cette jeunesse se sent profondément européenne. Shpetim vit à Pristina, la capitale. Il est passé par une agence pour obtenir ce visa, sans succès : "J’ai déposé une demande de visa touristique pour aller voir ma famille qui vit en Suisse. Mais ils m’ont refusé le visa. Et ils ne m’ont pas dit pourquoi. Le Kosovo est le seul pays de la région dont le passeport ne permet pas d’aller à l’étranger. On se sent isolé et c’est vraiment quelque chose de mauvais."

Pourtant, l’Union européenne a plusieurs fois promis de lever cette obligation de visa. En juillet 2018, la Commission européenne avait d’ailleurs estimé que le Kosovo avait rempli toutes les conditions demandées. Mais depuis, rien n’a changé. Cela s’explique par les différentes positions des États membres quant à la question du Kosovo, un État indépendant depuis 12 ans maintenant, mais toujours pas reconnu par des pays comme l’Espagne, la Grèce ou la Roumanie.

Craintes d'émigration ?

 Sans le dire officiellement, certaines capitales européennes redoutent aussi que cette levée du visa Schengen ne pousse la jeunesse à émigrer encore plus qu’elle ne le fait déjà. Mais pour le politologue kosovar Agon Maliqi, cette position bancale de l’UE n’est pas sans risques, car elle génère un profond ressentiment dans le pays : "Les gens du Kosovo se sentent trahis. Ces promesses non tenues donnent des arguments à ceux ici qui affirment que 'l’UE ne nous veut pas', que 'nous sommes différents et pas vraiment européens'."

Ouvrir l’horizon de la jeunesse en obtenant enfin le droit de voyager librement sur le continent européen sera l’un des principaux défis du tout nouveau gouvernement kosovar qui vient d'être formé lundi 3 février.

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