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Au Japon, la survie des auteurs de mangas menacée par le business du piratage

Ces mangas piratés trouvent une audience croissante, notamment depuis que la pandémie de coronavirus Covid-19 a obligé de nombreux Japonais à s'isoler chez eux.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une pile de mangas au festival de manga de Milan, le 2 mai 2013. (OLIVIER MORIN / AFP)

Le marché de la bande dessinée locale, le manga, se porte certes plutôt bien au Japon, mais irait encore mieux si le piratage des oeuvres ne sévissait pas à grande échelle. Face à ce problème devenu majeur pour le secteur, éditeurs et auteurs lancent un appel au secours. Et la pandémie de coronavirus Covid-19 n'y est pas complètement étrangère : en effet, les mangas piratés trouvent une audience de plus en plus importante, surtout depuis que la pandémie oblige à rester davantage chez soi, au point que le secteur se sent en très grand danger. "Nous pensons que la pandémie est une des causes de la forte augmentation des téléchargements de mangas pirates, mais ce n’est pas la seule", résume Kensaku Fukui, avocat spécialiste des droits d’auteur.

Les sites pirates sont techniquement plus élaborés, difficiles à traquer et les mesures prises auparavant ne sont plus suffisantes. Le bond constaté est en tout cas anormal et il y a vraiment danger.

Kensaku Fukui

à franceinfo

À peine mis en vente, tous les mangas sont offerts gratuitement en téléchargement en excellente qualité sur des sites pirates. On y trouve ce qu’on veut très facilement à condition d’accepter d’être bombardé de publicités souvent de mauvais goût. Lutter contre ces sites est extrêmement compliqué car ils sont souvent hébergés à l’étranger et changent de lieu chaque fois qu’ils se sentent menacés. "Nous avons besoin de la coopération de gouvernements et opérateurs étrangers, mais ils n’ont pas forcément conscience de l’ampleur du problème", souligne Kensaku Fukui.

1,6 milliard d'euros de manque à gagner

Le manque à gagner pour le secteur se chiffre à environ 1,6 milliard d’euros en 2020 rien qu’au Japon alors que les ventes y ont représenté l’an passé 4,8 milliards d’euros, un record qui aurait été plus élevé encore sans le piratage. En général, la méthode est assez simple : dès qu’un manga est mis en vente, une personne l’achète et utilise un scanner spécial pour copier à toute vitesse toutes les pages, ou bien, dans le cas des versions numériques, c’est un logiciel qui effectue des captures d’écran. Certains mangas sont même ensuite traduits en diverses langues par des bénévoles. C’est l’avenir même du métier qui est menacé, estime Ken Akamatsu, célèbre dessinateur.

"Moi, explique-t-il, je suis un vétéran et j’ai la chance que les lecteurs achètent mes mangas en version imprimée sur papier. Mais beaucoup de jeunes dessinateurs ne sont édités qu’en version numérique et si elle est piratée ils ne vendent plus. Cela aura un impact notable sur le monde du manga." La loi japonaise permet désormais de traquer et punir ceux qui téléchargent, mais une prise de conscience générale des lecteurs sur le danger que représente le piratage, et pas seulement au Japon, semble souhaitable.

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