Au Japon, la mobilisation des femmes pour l'accès à la pilule du lendemain
Le Japon est le seul pays du G7 où ce contraceptif d’urgence ne se trouve pas en pharmacie.
Se procurer la pilule du lendemain au Japon relève non seulement du parcours du combattant mais est aussi réservé aux plus aisés. Il n’y a pas là-bas de centre de planning familial comme en France et le seul moyen d’obtention de la pilule du lendemain ce sont les cabinets de gynécologues ou les urgences hospitalières. Il faut y donner son nom, son âge, son adresse, expliquer la raison pour laquelle on veut ladite pilule. Elle coûte de 50 à 160 euros et n’est pas prise en charge par l’assurance sociale.
C’est ainsi depuis 2011, mais les femmes se mobilisent précisément maintenant pour que les choses changent, parce que le mode de vie nouveau occasionné par l’épidémie de Covid-19 entraîne une présence plus importante des hommes au foyer et des relations sexuelles plus fréquentes, consenties ou non. Si bien que les centres d’appels sont submergés comme l’explique Asuka Someya, responsable d’une association d’éducation sexuelle : "On a surtout observé une augmentation des appels de jeunes filles craignant d’être enceintes, parce qu’elle n’ont pas su repousser les avances d’un petit ami, qu’il n’a pas respecté leur demande de se protéger ou parce qu’elles ont été victimes d’un viol de la part d’un proche." Pour ces adolescentes et femmes, l’obtention rapide et anonyme de la pilule du lendemain est une urgence sociale.
Le blocage de gynécologues paternalistes
Ce sont les gynécologues paternalistes qui font barrage, jugeant qu’on ne peut pas laisser cette pilule être distribuée sans diagnostic médical, même si cela se fait déjà dans 90 pays sans problème. La jeune gynécologue Sakiko Emmi se bat contre cette confiscation du corps des femmes par les hommes.
Certains craignent que leur femme prenne en cachette la pilule du lendemain. Mais c’est à chaque fille de choisir si elle veut être enceinte ou non.
Sakiki Emmi, gynécologueà franceinfo
Le gouvernement se dit prêt à étudier une vente en pharmacie mais il veut éviter la revente illicite et avance comme condition que cette pilule soit avalée sur place, ce que font déjà certains médecins et ce qui indigne Sakiko Emmi : "C’est justement parce que cette pilule est difficilement accessible qu’il y a des risques de trafic. Alors demander à une fille qui a subi un viol de l’avaler devant le médecin parce qu’il craint qu’elle la revende, c’est un total manque de confiance et c’est inadmissible".
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