À Madagascar, la lèpre continue à se répandre
Contrairement à ce qu’annonçait l’OMS au début des années 2000, la lèpre est loin d’avoir été éliminée partout sur l’île de Madagascar. 1 500 nouveaux cas sont détectés chaque année, selon les dépistages ponctuels et ciblés qui y sont effectués. Mais de l’aveu des spécialistes de la maladie, si un dépistage massif était réalisé sur l’île, le nombre de cas décelés serait au moins le double.
>> Comme le Covid-19, la lèpre se transmet par des gouttelettes salivaires ou par le contact.
On parle de la lèpre comme d’une maladie négligée. Négligée par les bailleurs, négligée par les États, la lutte contre la maladie à Madagascar est financée à plus de 80% par des partenaires confessionnels et caritatifs.
Dans l’imaginaire collectif, la #lèpre est une maladie du Moyen-Âge. Pourtant, elle touche encore chaque année plus de 3 millions de personnes à travers le monde.
— RCF (@radiorcf) January 26, 2023
La @RaoulFollereau s'engage au quotidien contre cette maladie. https://t.co/Xrbw4j0Fqr
Certes, on peut guérir de la lèpre, et même sans séquelle, si la maladie est dépistée à temps. Mais, dans un pays où le dépistage est visiblement défaillant, la bataille à mener se joue sur la sensibilisation. Comment détecter les premiers symptômes de la maladie par exemple, des petites tâches sur la peau, dépigmentées et insensibles ? À première vue, ils ne motivent pas vraiment les Malgaches à aller consulter. Dans l’un des centres de référence, deux stratégies ont été mises en place par les sœurs. D’abord, faire des patients guéris des "malades ambassadeurs" qui iront témoigner de leur expérience dans leur région, mais aussi de se servir du large réseau des catéchistes, pour diffuser des messages-clés sur la lèpre, même dans les zones les plus enclavées.
Après la guérison, quel avenir ?
Une fois soignées, que deviennent ces personnes ? L’enjeu tient particulièrement à cœur à la Fondation Raoul Follereau, acteur majeur de la lutte contre la lèpre sur l’île et dans le monde. Pour eux, la réinsertion des malades, bien souvent complètement ostracisés, est tout aussi importante que leur guérison. Quelques mois avant la fin de leur traitement, qui peut durer de six à parfois 24 mois, selon la gravité de l’infection, la question de leur avenir est abordée lors d’une consultation. Si ce sont des enfants, on essaie de leur permettre de poursuivre ou commencer leurs études, en les intégrant dans des établissements tenus par des sœurs, par exemple. Si ce sont des adultes, leur cas est étudié pour voir si un coup de pouce peut être donné.
Le Dr Cauchoix, représentant national de la Fondation Follereau, reçoit ce jour-là une adolescente. Elle est à quatre mois de la fin de son traitement. Une sœur sert d’interprète. Le Dr Cauchoix demande ce qu’elle a envie de faire pour gagner sa vie. La patiente répond qu’elle aimerait monter un petit commerce. "Elle sait compter ? Tenir une caisse ? Faire la différence entre un bénéfice et un chiffre d’affaires ? Jusqu’à quelle classe a-t-elle étudié ?", interroge le docteur. Sœur Johany traduit.
L’adolescente dit qu’elle s’est arrêtée au CP, mais qu’elle sait compter l’argent. "À la Fondation, on a une petite caisse pour la réinsertion sociale, explique le Dr Cauchoix. Donc on va essayer de monter un dossier pour l’aider. D’un point de vue thérapeutique, on l’a traitée. Mais nous, la réussite n’est pas de la traiter. C’est qu’elle puisse rentrer chez elle et puisse avoir une vie normale". En 2022, la fondation Follereau a soutenu ainsi la réinsertion d’une quarantaine d’adultes et une vingtaine d’écoliers ou étudiants sur l’île.
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