À Barcelone, une société loue des chambres de deux mètres carrés et veut exporter le concept à Paris
L'entreprise Haibu propose des appartements-ruches pour 200 euros par mois. Ces logements sont jugés illégaux par la mairie, mais la société poursuit sa commercialisation et souhaite même se développer à l'étranger.
C'est un concept qui fait débat en Espagne. À Barcelone, l'entreprise Haibu, qui signifie ruche en japonais, propose des chambres de deux mètres carrés à des locataires. Il s'agit de capsules où l'on ne tient pas debout. La mairie, en guerre contre la spéculation immobilière, a interdit ces logements. Cependant, la société espagnole veut poursuivre son projet dans la capitale catalane, et même étendre le concept à Paris, Copenhague ou Washington.
Une adresse tenue secrète
L'installation étant jugée illégale par la mairie de Barcelone, l'adresse exacte des capsules n'est pas dévoilée. Pour accéder à ces logements, il faut se rendre dans un quartier populaire à une quarantaine de minutes du cœur de la vieille ville de Barcelone. Et c'est derrière une petite entrée discrète d’un immeuble abandonné que l'on peut découvrir ces ruches où l'on peut vivre seul ou en couple. "Il y a 260 mètres carrés, nous pouvons accueillir 24 personnes, explique Marc, le concepteur du projet. Ici c’est la cuisine commune, pour la douche c’est une pour quatre à cinq personnes. Chaque habitacle est un espace privé, le plus petit fait 1 mètre 20 de largeur, 1 mètre 20 de hauteur et 2 mètres 20 de longueur", détaille-t-il.
Il faut compter 200 euros pour louer ces capsules. Les personnes qui vivent dans ces petits espaces ont tous des contrats très précaires, avec un salaire très bas. Impossible pour eux de louer une petite chambre à Barcelone, qui coûterait deux à trois fois plus chère que ces capsules. Dans la capitale catalane, les prix des loyers ont explosé et atteignent désormais une moyenne de 900 euros. Selon le concepteur du projet, ces ruches représentent un système social car elles permettent d’éviter à ces gens de se retrouvent à la rue. Il a donc décidé de continuer de louer ces chambres de deux mètres carrés illégalement, alors que la loi catalane exige que ces chambres fassent minimum cinq mètres carrés. "Cela fait trois mois qu’on a ouvert. Nous ne demandons aucune subvention, aucune aide, ce que nous voulons c’est qu’il nous laisse faire parce que nous avons beaucoup trop de personnes en attente", poursuit Marc.
Impossible de tenir debout
Parmi les habitants, il y a Mario. "C’est ma maison, c’est pas cher et très chaleureux. Il faut juste apprendre à cuisiner au micro-ondes, plaisante-t-il. Ça fait trois semaines que je suis ici. Être debout à l’intérieur ce n'est pas possible, reconnait cet homme de 54 ans. En ce moment je gagne 350 euros par mois, je travaille deux à trois heures par jour, c’est juste pour payer ce loyer et manger", conclut Mario. Pour compléter son salaire, il se rend dans les parcs de Barcelone, et joue avec sa guitare pour espérer gagner quelques pièces de monnaie.
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