Voter pour s'approprier l'Europe
Ce n'est pas un hasard si le Parlement européen a choisi de lancer sa campagne de sensibilisation et d'information pour les élections de mai 2014 dès sa session de rentrée à Strasbourg, la veille du discours sur l'état de l'Union de José Manuel Barroso, le dernier avant les élections européennes, le bilan politique du Président de la Commission européenne qui achève son deuxième mandat. Car l'enjeu, en cette période de crise et de méfiance à l'égard des institutions communautaires, est précisément de politiser le débat, de renforcer l'intérêt des citoyens et d'inverser enfin la courbe de l'abstention: depuis les premières élections au suffrage direct en 1979, le taux de participation n'a fait que décroître, passant de 62% en 1979 à 43% lors du dernier scrutin de 2009.
Une campagne pour des élections "différentes"
"Exercez votre droit de vote a lancé la socialiste grecque Anni Podimata, vice-présidente du Parlement européen chargée de la communication. Les citoyens européens disposent d'une occasion unique pour déterminer les majorités politiques du Parlement et influencer les débats qui auront lieu dans les cinq années à venir". Avant de rappeler que "49% des sondés du dernier Eurobaromètre déclarent qu'ils croient en un système européen harmonisé qui leur apporte la prospérité".
Comment convaincre un citoyen grec qui considère l'Europe comme responsable de ses souffrances et qui dénonce les décisions prises derrière des portes closes? "Nous voulons la même chose", répond Anni Podimata: une Europe plus sociale et davantage de contrôle démocratique. Pour l'eurodéputée grecque, l'euroscepticisme et la montée des extrêmes ne sont pas dus uniquement à la crise, à ses répercussions sociales et aux politiques menées, mais aussi au sentiment des Européens qu'on ne tient pas compte de leur voix. "Cela va changer" promet la vice-présidente du Parlement européen, qui compte sur une plus forte participation aux élections pour accroître la légitimité et l'impact du Parlement européen.
Des compétences accrues pour le deuxième parlement au monde
"Cette fois c'est différent" souligne l'un des slogans de cette campagne. Parce que le Traité de Lisbonne, entré en vigueur depuis le dernier scrutin, confère plus de compétences législatives, notamment budgétaires, aux eurodéputés. Et notamment le pouvoir d'élire le Président de la Commission européenne, toujours sur la proposition du Conseil européen mais qui devra tenir compte des résultats électoraux. Du coup la campagne sera enfin plus politique et plus européenne, et de fait les partis politiques commencent à nommer leurs candidats à la présidence de la Commission.
"Le Parlement européen, deuxième Parlement au monde (après l'Inde), se voit aujourd'hui doté de compétences qui en font un co-législateur bien plus important que bien des collectivités nationales ou locales" souligne son porte-parole Jaume Duch. En votant, les citoyens choisissent non seulement leurs députés, mais aussi le futur Premier ministre de l'Europe".
La campagne d'information se déroulera d'ailleurs jusqu'à l'investiture du nouveau Président de la Commission, dans un an. Elle se décline désormais dans 28 pays, dans les 24 langues officielles de l'Union. Crise oblige, elle sera néanmoins mois coûteuse que la précédente: 16 millions d'euros, dont un tiers pour les médias sociaux, soit 0,0316 centime d'euros par habitant précise Juana Lahousse-Juarez, Directeur général de la Communication, pour qui cela reflète la volonté d'un échange démocratique et politique renforcé.
La campagne sera mise en ligne à l'adresse
www.europarl.eu
#EP2014
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