Réguler pour pousser les banques à des transactions plus vertueuses
"30 ans de déréglementation financière ont créé une sorte de monstre, et il faut remettre le monstre dans sa boîte". Pascal Canfin sait de quoi il parle. Ancien journaliste économique, député européen du groupe des Verts depuis 2009, il est devenu l'un des spécialistes de la crise, membre de la commission des affaires économiques, vice-président de la commission spéciale "crise financière" du Parlement européen, il a négocié les lois portant sur les fonds spéculatifs, les bonus des traders, les agences de notation, a été rapporteur sur les CDS à nu et les produits dérivés. Il est à l'origine de l'ONG Finance Watch, lancée avec une vingtaine d'eurodéputés des différents groupes politiques.
Une expérience qu'il raconte dans ce livre. Pascal Canfin déconstruit les arguments avancés par l'industrie financière, du style "si vous réglementez on va délocaliser", pour montrer qu'un autre chemin est possible et répondre ainsi à une aspiration "ultra-majoritaire" des citoyens français et européens. Il propose de s'inspirer de l'exemple du Président américain Barack Obama pour lutter contre le secret bancaire, explique comment interdire aux banques d'être présentes dans les paradis fiscaux, demande l'interdiction des produits "pervers et toxiques", à l'image des CDS à nu pour lesquels il a réussi à convaincre jusqu'à la majorité conservatrice du Parlement européen. Des eurodéputés souvent en pointe, mais qui n'apprécient pas du tout d'être laissés sur la touche par les Etats membres, comme ce fut le cas pour le dernier pacte budgétaire, que le Parlement européen a d'ailleurs qualifié d'"inutile, voire dangereux". Idem pour la taxe sur les transactions financières, pour laquelle il a également été précurseur, et qui selon Pascal Canfin pourrait tout-à-fait être mise en place par les 17 pays de la zone euro. A condition, là encore, d'en avoir la volonté politique. Pascal Canfin se félicite de la nouvelle étape franchie cette semaine, avec l'accord intervenu entre le Conseil et le Parlement européen sur les échanges de produits dérivés négociés de gré à gré. Un marché là aussi très opaque et qui devrait ainsi devenir plus transparent. Mais pas assez selon Pascal Canfin qui regrette qu'une nouvelle fois un veto britannique n'oblige l'Union à se contenter d'un accord a minima. "Ce que les banques vous disent et pourquoi il ne faut presque jamais les croire" , de Pascal Canfin, est sorti le 2 février, aux Editions Les Petits matins, au prix de 5 euros.
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