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Le Roundup en sursis en Europe ?

C'est l'herbicide le plus utilisé au monde mais il suscite beaucoup de méfiance : le glyphosate, présent dans le Roundup. La Commission européenne doit décider en juin si elle autorise à nouveau l'usage de ce produit. Le Parlement européen propose de lui accorder sept années supplémentaires.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Fotolia)

 Le glyphosate est omniprésent, dans les champs, dans les jardineries et aussi dans nos assiettes. Une ONG allemande, la Fondation Heinrich Böll, a analysé l'urine de 2.000 personnes. Elle a trouvé cet herbicide dans tous les prélèvements. "On s’aperçoit qu’il y a une imprégnation au niveau de tous les citoyens européens ", constate l’eurodéputée écologiste Michèle Rivasi. Les élus verts, qui réclament l’interdiction de l’herbicide, ont donc distribué cette semaine à Strasbourg à leurs collègues, ainsi qu’aux commissaires européens, des flacons de prélèvement.

Des OGM anti-herbicide

 

Malgré la campagne des verts, les députés ont voté cette semaine une résolution qui demande à la Commission d'autoriser le pesticide en Europe pour sept ans encore, au lieu des 15 envisagés par Bruxelles. Sept ans, c'est le délai nécessaire aux industriels pour proposer une alternative, explique Angélique Delahaye, qui a proposé cet amendement à ses collègues. L’eurodéputée L.R. issue du milieu agricole, ne veut pas laisser les exploitants sans ressource contre les herbes folles. Elle rappelle que les pesticides "sont les médicaments des plantes ".

Robert Rochefort, député MoDem, s'étonne, tout de même, de l'étrange symbiose entre les semences OGM de Monsanto et son herbicide-phare, le Roundup. Il imaginait que ces organismes génétiquement modifiés permettaient d’éviter l’usage de pesticides et il a découvert lors des débats parlementaires que les semences vendues par cette multinationale sont en fait conçues pour résister au glyphosate.

Des risques encore mal connus

 Une agence de l'OMS, le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer, présente cet herbicide comme un "cancérigène probable ". Alors que l'EFSA, l'agence européenne de sécurité des aliments, n'y voit rien à redire. Elle n’a pas voulu communiquer aux parlementaires les études sur lesquelles elle s’appuie, ce qui intrigue Marc Tarabella. Le député socialiste belge n'a pas voté la résolution : "on sait que l’EFSA n’a pas les moyens de faire des études elle-même. Si c’est l’industrie elle-même qui commandite ces études et qui les paie, c’est clair que le résultat de l’étude est tronqué par celui qui paye l’étude ".

Avant de renouveler éventuellement cette autorisation, Bruxelles va s'appuyer sur un comité d'experts, qui doit se réunir en mai.

Retrouver plus d'informations sur :

La résolution votée par le Parlement européen

Pour l’étude allemande 

Ou bien directement l’étude (en allemand seulement) sur le site de la Fondation Heinrich Böll

Pour "L’EFSA n’y voit rien à redire ", un lien vers son communiqué

Pour l’OMS, ce document du CIRC sur les effets probables du glyphosate (en anglais seulement)

Pour le Roundup

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