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Le Parlement européen honore le Printemps arabe

La session de décembre du Parlement européen est toujours l'occasion d'une cérémonie particulièrement émouvante: celle de la remise de son prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Chaque année depuis plus de 20 ans, les eurodéputés récompensent
des personnes ou organisations qui luttent contre l'oppression et pour la
liberté de pensée.  Cette année, ils ont choisi d'honorer cinq
figures, cinq "Activistes' du Printemps arabe: le
Tunisien Mohamed Bouazizi, l'Egyptienne Asmaa Mahfouz, le Lybien Ahmed al-Zubair Ahmed al-Sanusi, enfin deux Syriens,
l'avocate Razan Zeitouneh et le caricaturiste Ali Farzat. Un choix qui
s'est imposé comme une évidence.

Ces révolutions arabes ont remis en cause certains choix faits par les
Européens dans leur soutien à certains régimes

Le Prix Sakharov est considéré comme l'équivalent européen du Prix Nobel de la Paix.
C'est un prix militant qui soutient partout dans le monde des personnes qui
s'illustrent par leur action en faveur de la liberté et les encourage à
poursuivre leur combat. D'où la difficulté à mettre les groupes politiques
d'accord, au risque parfois de nuire à la visibilité du Prix. Récemment le
Parlement avait ainsi décidé de ne choisir plus qu'un seul lauréat, vivant,
afin qu'il ait encore "un combat devant lui ", comme le
souligne l'eurodéputée belge Véronique de Keyser, vice-présidente
du groupe socialiste.

Des nouvelles règles qui ont
volé en éclats tellement le Printemps arabe s'est imposé comme une évidence
cette année aux yeux des eurodéputés. Parce qu'ils ont été
particulièrement touchés par la force et le symbole de ces révolutions, mais
aussi parce qu'elles ont remis en cause certains choix faits par les
Européens dans leur soutien à certains régimes, explique Véronique de Keyser.

Le Parlement européen a donc décidé de célébrer à titre
posthume le Tunisien Mohamed Bouazizi qui a été le déclencheur des révolutions
arabes en s’immolant par le feu le 17 décembre dernier. Son geste a provoqué un
large mouvement populaire qui a mené à la chute du régime de Ben Ali.

La deuxième lauréate est la bloqueuse égyptienne Asmaa Mahfouz, l’une des
fondatrices du "Mouvement des jeunes du 6 avril", qui avait lancé
l’appel à se rassembler sur la place Tahrir au Caire, mouvement qui a conduit à
la chute du raïs égyptien Hosni Moubarak.

 

Parmi les précédents lauréats
du Prix Sakharov figurent Aung San Suu Kyi, Nelson Mandela et Anatoli
Marchenko, Taslima Nasreen

Ont également été honorés
Ahmed al-Zubair Ahmed al-Sanusi, 77 ans, un dissident libyen qui a passé 31 ans
en prison en raison de son opposition au régime de Mouammar Kadhafi ;
Razan Zeitouneh, avocate de 34 ans qui dirige des comités coordonnant la
révolte en Syrie, dont le mari est en prison et qui est elle-même obligée de se
cacher ; et enfin Ali Farzat, caricaturiste de presse, gravement battu en
août par les forces de sécurité syriennes qui lui ont cassé les mains.

La cérémonie solennelle de remise du prix aura lieu ce mercredi 14 décembre dans
l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg. Un an après la mort de Mohamed
Bouazizi (le 17 décembre 2010). 

Parmi les précédents lauréats
du Prix Sakharov figurent Aung San Suu Kyi, Nelson Mandela et Anatoli
Marchenko, Taslima Nasreen, Hu Jia, ou encore Memorial.

 

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