La situation géostratégique de l'Ukraine impose un soutien réaliste et constant
Pour Arnaud Danjean, du Parti populaire européen, Président de la
sous-commission "Sécurité et Défense" du Parlement européen, il faut
être réaliste, éviter les fausses promesses, et accompagner désormais
l'Ukraine au plus près, en tenant compte de sa géographie et de son
histoire particulières, entre Europe et Russie. "Nous avons créé des attentes, il faut maintenant faire
honneur à ces attentes et ne pas laisser tomber les Ukrainiens ", a plaidé
cette semaine devant les eurodéputés le commissaire européen chargé de
l'Elargissement, Stefan Füle, en rappelant que l'accord d'association était
toujours sur la table.
Le Parlement européen n'a pas attendu la chute du régime pour
accompagner l'Ukraine dans son aspiration à plus de démocratie. Début février, bien
avant la réunion des ministres des Affaires étrangères, il demandait déjà des
sanctions, une interdiction de visas et un gel des avoirs pour les dirigeants
responsables des violences.
Visas et aide financière
Dans une nouvelle résolution adoptée cette semaine
à Strasbourg, il appelle à délivrer plus facilement des visas aux ressortissants
ukrainiens et à débloquer le plus rapidement possible une aide financière, à
court terme en coopération avec le FMI et la Banque mondiale, et à long terme
avec la BERD et la BEI. Il demande qu'une conférence internationale des
donateurs soit organisée dans les meilleurs délais. L'Ukraine se trouve au bord
de la faillite et a un besoin urgent d'au moins 35 milliards de dollars.
Plusieurs délégations du Parlement européen se sont rendues à Kiev,
et cette semaine des membres de la société civile, militants pro-européens ont
été reçus et applaudis à Strasbourg, à l'invitation notamment des groupes des Verts et des
Libéraux.
Emotion
On a vu ainsi la chanteuse Ruslana, gagnante
du Concours Eurovision de la chanson en 2004 à Istanbul et militante
pro-européenne depuis la révolution orange, un immense bouquet de roses dans
les bras, passer de la joie aux larmes, et demander aux Européens de continuer
à aider son pays, en hommage aux morts de la place Maïdan.
Transition chaotique
"Ne nous réjouissons pas trop vite", prévient
Arnaud Danjean, du Parti populaire européen. "La transition ne fait que
commencer. Elle va être chaotique ". Le président de la sous-commission
Défense et sécurité du Parlement européen, membre de la Commission des affaires
étrangères, met en garde contre les dérapages, y compris de la part des
nouvelles autorités ukrainiennes, et s'inquiète de la situation en Crimée.
Réalisme
Il appelle
au réalisme, et surtout à éviter les fausses promesses. "Le ciment de la
place Maïdan c'est l'anti-régime, la lutte contre la corruption, l'aspiration
des Ukrainiens au respect de leurs droits. C'est une crise de régime, plus
qu'un vent irrépressible en faveur de l'Europe . L'Ukraine n'échappera pas à sa géographie, dans
laquelle il y a l'Europe et la Russie", souligne Arnaud Danjean, pour qui "il faut évidemment en tenir compte et ne pas créer des espoirs que nous ne
sommes pas en mesure de remplir. Faire miroiter l'adhésion à ce pays est une
erreur ".
Dialogue exigeant et ferme
Arnaud Danjean appelle l'Europe à "jouer
collectif " désormais, dans un dialogue exigeant avec les autorités
ukrainiennes et ferme à l'égard de la Russie. A ne plus laisser gérer les
relations de voisinage oriental par la seule Commission européenne.
Présence constante
L'accord
d'association n'est pas seulement une question technique ; c'est un sujet
hautement stratégique, comme l'a d'ailleurs très bien compris Moscou. Arnaud
Danjean appelle l'Europe à ne pas renouveler les erreurs du passé. Et à être
aux côtés de l'Ukraine, au plus près, mais désormais de manière constante et
continue.
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