La Russie joue l’isolement en Europe
C’est le défi que tente de relever le Conseil de l’Europe dans cette guerre qui oppose deux de ses Etats membres, l’Ukraine et la Russie. Pour sanctionner l’annexion de la Crimée, l’Assemblée parlementaire des 47 a décidé, lors de sa session d’avril, de priver jusqu’à la fin de l’année les 18 députés russes de leur droit de vote, de leur participation aux missions d’observations d’élections ainsi que de leur droit de siéger dans certaines instances dirigeantes de l’Assemblée. Comme elle l’avait déjà fait en 2000 contre la même Russie pour réagir au lancement par Vladimir Poutine de la deuxième guerre en Tchétchénie. Bien plus qu’à l’époque, le Comité des ministres de l’organisation paneuropéenne soutient la fermeté de ses parlementaires et critique lui aussi une "grave violation du droit international ".
Mais les parlementaires russes ont immédiatement dénoncé une "farce politique " sur fond de "russophobie ". Expliquant que leur présence à Strasbourg n’avait "plus aucun sens ", ils ont décidé de ne plus s’y rendre. Le principe de l’Assemblée parlementaire étant de toujours favoriser le dialogue, la délégation est pourtant fortement incitée à continuer à participer aux travaux, si elle veut tenter de recouvrer l’ensemble de ses droits en janvier 2015. Une rencontre a même eu lieu à Paris entre la présidente de l’Assemblée Anne Brasseur et Sergueï Narichkine, le président de la Douma d'Etat, la chambre basse du Parlement russe, réunion qualifiée par la luxembourgeoise de "très difficile ".
D’autant plus que dans sa résolution, approuvée par 145 voix contre 21 et 22 abstentions, l’Assemblée parlementaire "se réserve le droit " d’aller plus loin, en ne votant pas les pouvoirs de la délégation russe qui se verrait donc exclue de facto, si Moscou "ne fait pas marche arrière sur l’annexion de la Crimée ".
Protéger les citoyens russes
Anne Brasseur n’exclut pas cette hypothèse, même si elle sait que cela braquera encore plus Moscou, et que le risque est de voir la Russie quitter le Conseil de l’Europe. Avec comme conséquence que les citoyens russes ne soient plus protégés par la Cour européenne des droits de l’homme, garante de nos libertés individuelles.
Une menace que brandit aujourd’hui un autre Etat membre, le Royaume-Uni, dont le Premier ministre David Cameron promet, pour des raisons électoralistes, de dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme. "Nous n’avons pas besoin de recevoir d’instructions de juges de Strasbourg" lance, sous les applaudissements des europhobes, celui que le fait de devoir accorder le droit de vote aux détenus rend "physiquement malade ".
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