L'Europe continue à faire son cinéma
Au lendemain de l'Elysée, c'est Cannes qui a déroulé son tapis rouge, pour le
65ème Festival. Le jury est présidé cette année par l'acteur et réalisateur
italien Nanni Moretti, une référence pour le cinéma européen. Cinéma qui se porte plutôt bien, en ces temps de
crise: la fréquentation est restée stable l'an dernier, même chose pour les
recettes en salles, et la production a continué à augmenter: 915 films de
fiction de long métrage ont été produits dans l'Union, contre 889 en 2010, et le
nombre de documentaires destinés à être projetés en salles a augmenté
lui aussi, il y en eu 370 l'an dernier (337 en 2010). Le chiffre d'affaire des cinémas de
l'Union a même atteint le niveau record de 6,4 milliards d'euros, selon Suzanne Newmann-Bodet, analyste cinéma à
l'Observatoire européen de l'audiovisuel.
En revanche on assiste à un tassement des films en 3D. Une fois passé l'effet de nouveauté, avec un réel engouement pour des films
comme "Avatar" de James Cameron ou "Alice" de Tim Burton, l'attrait de la 3D marque
le pas. Et ce n'est pas une mauvaise chose, puisque cela profite d'abord aux
films européens, dont la part de marché a augmenté à plus de 28%, avec un énorme succès pour les comédies comme "Intouchables" ou "Rien à déclarer", production franco-belge, également pour les films historiques comme "Le discours d'un roi" du britannique Tom Hooper. Le
processus de numérisation des salles se poursuit, mais les exploitants se
contentent désormais d'équiper les salles en 2D, donc sans effet de relief.
Comme le souligne Suzanne Newmann-Bodet, les films européens sont une nouvelle fois bien représentés cette année au festival de
Cannes. Et notamment les films aidés par les fonds européens, qu'il s'agisse du
programme MEDIA de l'Union européenne, qui soutient 18 films à Cannes, ou
EURIMAGES, le fonds de soutien à la coproduction du Conseil de l'Europe (dont dépend également l'Observatoire européen de l'audiovisuel): 9 films dont "Amour"
de Michael Haneke, en sélection officielle ou, dans la catégorie un certain
regard, "Aimer à en perdre la raison" du belge Joachim Lafosse. Un indicateur de
bonne santé et de qualité du cinéma européen.
A noter que la Commission
européenne veut aujourd'hui revoir les critères d'appréciation des aides publiques au secteur cinématographique, afin d'éviter la course aux subventions à laquelle se livrent les Etats européens pour attirer les
superproductions américaines. Débats et rencontres sont organisés sur ce thème à Cannes. Les professionnels promettent d'être vigilants, et mettent en
avant le système français, l'un des plus enviés, qui comporte des obligations
d'investissements pour les diffuseurs, un soutien automatique qualitatif, des
prélèvements sur les recettes, y compris des chaînes de télévision: un système
très structuré qui a fait école notamment en Allemagne ou en Pologne
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