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Gilles Caron, portrait de famille

Portrait croisé au Parlement européen, sous la forme d'une rencontre intergénérationnelle riche en émotion et en symboles, celle de l'icône de mai 68 et de son jeune stagiaire, le petit-fils du photographe qui l'a immortalisé, Gilles Caron.
Article rédigé par franceinfo
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A 68 ans, Daniel Cohn-Bendit achève son dernier mandat d'eurodéputé : "20 ans au Parlement européen, ça suffit !".
A 14 ans, William Bachelot Caron rêve d'y entrer , du moins de "faire de la politique, chez les Verts bien sûr ", précise-t-il.

En attendant de réaliser, ce qu'il qualifie lui-même d'"utopie ", et de "passer son bac d'abord ", comme le lui conseille son maître de stage, William a suivi Dany au pas de charge pendant cette session de juillet du Parlement européen, à Strasbourg, et a vécu avec enthousiasme cette expérience au coeur de l'événement.

Plus européen que français

Une rencontre émouvante pour le co-président du groupe des Verts , puisque William n'est autre que le petit-fils de Gilles Caron, l'auteur du portrait de Dany Le Rouge, dévisageant d'un air narquois un CRS devant la Sorbonne à Paris, le 6 mai 1968. Une photo qui a fait le tour du monde et qui a "rendu célèbre " le député européen franco-allemand.

William, qui vient lui-même de passer six mois dans une famille d'accueil en Allemagne, à Ravensburg près du Lac de Constance, dans le cadre d'un échange, se définit comme "plus européen que français ". Il apprécie la pédagogie allemande, plus respectueuse de l'originalité de l'élève et plus proche de lui. "L'éducation en France, c'est un drame ". Il connaît la photo de son grand-père, qui incarne "Mai 68 : la révolution, qui permet aujourd'hui aux jeunes de s'exprimer beaucoup plus facilement ".

Mai 68, la révolution... ou la guerre 14/18

William se reconnaît plus dans cette période insurrectionnelle que Dany, pour lequel "Mai 68 " est dépassé et renvoie à une autre époque : "C'est la guerre 14/18 ! Il faut oublier Mai 68 !"

Gilles Caron est né en 1939, Daniel Cohn-Bendit en 1945, William Bachelot Caron en 2012.

Cette rencontre originale est l'occasion de revivifier la mémoire de Gilles Caron , moins connu que son célèbre cliché, et qui a disparu au Cambodge en avril 1970, à l'âge de 30 ans, sur la Route n°1 qui relie le Cambodge au Vietnam, dans une zone contrôlée par les Khmers rouges de Pol-Pot.

La future maman de William, Marjolaine, a alors 7 ans, et sa petite soeur, Clémentine, à peine plus de deux ans. Lors de la prise du cliché en mai 1968, la première était âgée de 5 ans, la seconde de 7 mois.

Mourir pour témoigner

Il n'est pas sans incidence de rappeler aujourd'hui les travaux (livre et film documentaire) de Rithy Panh et le procès de Duch, qui font justice aux victimes du génocide cambodgien et mettent en valeur l'engagement professionnel d'hommes comme Gilles Caron, prêts à mourir pour témoigner et informer envers et contre tout.

Daniel Cohn-Bendit a préfacé le livre-hommage, publié chez Actes Sud : Gilles Caron, n°73 , coll. Photo Poche.

Sa mémoire et sa transmission sont assurées par la Fondation Gilles Caron.

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