En direct de l'Europe. Un certain torticolis européen
Trop ancrée à l’ouest, l’Europe ne devrait-elle pas regarder vers l’est ?
Dernièrement deux sommets ont marqué le temps présent : le G7 au Québec, où les Etats Unis ont montré une nouvelle fois leur désintérêt pour l’Union européenne, et en Chine, où se tenait le sommet de l’organisation de coopération de Shangaï, en somme, le rêve de Vladimir Poutine, l’Eurasie mais sans les européens…Face à une Eurasie en marche, les européens semblent encore et toujours ignorer la Russie.
Et pourtant les états membres du sommet de l’organisation de coopération de Shangaï qui sont les pays d’Asie centrale, l’Inde, le Pakistan, la Chine, l’Iran comme membre observateur, et la Turquie comme membre partenaire, sont la preuve indéniable qu’ici une puissance naissante est en marche face à un G7 en pleine désunion.
Une géographie s’impose
Aujourd’hui on appelle l’Eurasie les E11, les 11 économies émergentes, soit 50% de la croissance mondiale, 40% de la population mondiale, 40% des réserves de pétrole, 40% des réserves d’uranium, 25% du PIB mondial. Comment comprendre cette Union européenne qui sait qu’elle ne peut plus compter avec les Etats Unis, que le risque pour elle serait l’isolement, alors que l’Eurasie serait une chance pour l’économie européenne...
Effectivement on peut dire qu’une géographie s’impose, car l’Eurasie voit renaître les routes de la soie, elle retrouve sa place géopolitique comme au XIXe siècle dans ce que l’on appelait le grand jeu, et les états composant l’Eurasie ont une forte tendance à regarder vers l’Europe. Les routes de la soie ne sont pourtant pas à sens unique.
L’actualité a toujours une histoire
Quand le projet chinois de routes de la soie est multiplié par deux, reliant ports et voies terrestres, voies ferrées et voies maritimes, partant de Chine pour rejoindre l’Europe et l‘Afrique, c’est une nouvelle géopolitique qui est bien en train de se dessiner, sans les Etats Unis d’Amérique.
Et si l’actualité a toujours une histoire, depuis les routes universitaires du Moyen Age, donnant naissances aux routes commerciales, depuis Marco Polo, et les navigateurs européens initiant la circumnavigation, l’Europe naguère était bien reliée à l’Eurasie d’une manière ou une autre.
La paix et l'entente plutôt que la guerre
C’est la raison pour laquelle ce qui se fit autrefois par la guerre peut se réaliser aujourd’hui par la paix et l’entente de peuples et de nations qui, sur le continent européen, de Dublin à Vladivostok, sont appelés à prendre conscience d’un possible avenir commun. Car après tout, l’Europe est peut-être la partie occidentale du continent asiatique.
Avec les invités
- Antoine Colonna, rédacteur en chef des pages internationales de Valeurs Actuelles
- Helena Perroud, spécialiste de la Russie, auteur du livre Un Russe nommé Poutine paru aux éditions Du Rocher.
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