François Alu ne voulait pas devenir danseur étoile, mais un "un électron libre"
Deux ans après l'annonce, François Alu lève le voile sur les raisons qui l’ont poussé à quitter l’Opéra de Paris sept mois seulement après sa nomination comme danseur étoile, dans son livre à parraître le 3 octobre Le Prix de l'étoile, aux éditions Robert Laffont.
Depuis tout petit, après avoir découvert dans un documentaire, le talent insolent du danseur surdoué Patrick Dupond, l’un des plus célèbres danseurs étoile de l’Opéra de Paris, François Alu met alors tout en œuvre pour décrocher cette étoile, et ça ne va pas sans peines ni sacrifices. D'abord une entrée à 10 ans à l’école de danse de Nanterre, puis à l’internat avec la souffrance d’être séparé cinq jours par semaine de ses parents et de son frère. Là-bas, il découvre son hypersensibilité notamment face aux moqueries des camarades. Il doit s'affiner et maigrir, François Alu vit comme un pieu dans le cœur les reproches et les injonctions concernant son corps. Mais les efforts paient.
Alors vient la virtuosité, il franchit les étapes les unes après les autres et décroche de beaux rôles, comme celui de Don Quichotte. À 19 ans, il devient premier danseur de l’Opéra de Paris, mais débute pour lui une traversée du désert puisqu'il reste bloqué sept ans à ce grade. Il est considéré comme trop rebelle, ou pas assez discipliné. Lui veux interpréter, mais on lui demande d’exécuter.
Alors, c’est le burn-out. François Alu évoque des hordes de cris dans sa tête qui le clouent au lit. Il entame alors une psychothérapie. Au fond du "trou noir" dans lequel il est tombé, il découvre ce que les physiciens appellent la singularité. Il réalise qu'il ne voulait pas devenir danseur étoile mais Patrick Dupond lui-même, c’est-à-dire : un électron libre.
Nommé danseur étoile à 28 ans
Au moment où il s'apprête à renoncer à l'étoile, c'est le graal, il la décroche. S'en suit une déchirure au pied, et il doit renoncer au firmament. La nomination vient trop tard et l’étoile a cessé de briller. François Alu y renonce et part sur la pointe des pieds. Son départ fait du bruit. Certains parlent de caprice, d'autres de comportement de star. À ceux-là, il leur répond aujourd’hui que le caprice aurait été de rester, de continuer à vouloir changer, malgré elle, une institution qui n’a pas vocation à changer, et de renoncer à sa liberté.
Sa liberté, François Alu l'a retrouvée. Il monte son propre spectacle en 2021, Complètement jetés ! un seul en scène. Et alors qu’avec sa compagne rencontrée sur le plateau de "Danse avec les stars", ils deviendront bientôt parents, il accouche de son autobiographie la même année. À 30 ans, il se sent enfin heureux, et à sa place. Une place qui n’est pas celle qu'il avait fantasmée, mais, il ne regrette rien. François Alu garde de la danse la philosophie du mouvement car à son sens, être en mouvement, c’est être vivant.
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