Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir des scammers, ces escrocs du Net
Qui se cache derrière ce clavier ? Voici un "scammer", dont l’identité est très difficile, voire impossible à retrouver. Et beaucoup s’y sont cassé les dents. Son nom vient de l’anglais "to scam" qui signifie escroquer, arnaquer. En bon français, on dirait un malandrin, la version web 2.0 des joueurs de bonneteau qui font tourner des gobelets sur les marchés et qui sont très doués pour vous faire perdre de l’argent. Ici, c'est le même principe, mais sur Internet : il faut d’abord attirer le chaland, le faire cliquer sur un lien qui le renvoie vers un nouveau site qui l’incitera à remplir un formulaire censé lui faire gagner de l’argent... mais qui va surtout lui en faire beaucoup perdre.
Et mi-juin, une société de logiciels a mis au jour un immense réseau de scammers : la société Checkfirst, spécialisée dans la lutte contre la désinformation, a analysé pendant seulement deux semaines l’activité d’un vaste réseau. Elle a alors découvert sur Facebook 1 500 publications trompeuses dans 29 pays, dont 20 en Europe, avec, à chaque fois, un titre très accrocheur du genre, "C’est tout l’avenir de Bernard Arnault qui est en jeu", "Les fans attristés par l’actualité de Benoit Poelvoorde" ou encore "Les personnes nées entre 1953 et 1993 peuvent réclamer cette prestation".
C’est gros comme une maison, mais on ne peut pas s’empêcher de cliquer. Problème : toutes ces publications sont en réalité achetées par les scammers à l’entreprise Meta, propriétaire de Facebook qui gagne donc de l’argent avec ces arnaques. Des publications d’autant plus trompeuses qu’elles renvoient vers des sites de médias très sérieux... mais contrefaits, tels que Le Monde, la BBC, Der Spiegel. Ce sont au total une soixantaine de médias qui sont concernés. Il s'agit de stratégies très bien huilées, comme le vol de pages Facebook à de vrais internautes pour déjouer les éventuels contrôles des plateformes visiblement pas à la hauteur.
Or, c’est tout l’objectif de ces révélations : interpeller les géants du Web, mais aussi les responsables politiques européens sur ces mauvaises pratiques pour lesquelles ni les scammers ni les plateformes ne sont presque jamais sanctionnées. Pourtant, si personne ne détient la vérité, démontrer le mensonge est toujours possible, à condition de s’en donner les moyens.
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