En Italie, la face noire des tribunes de football exposée au grand jour à Milan

Vente illégale de billets ou de places de parking, extorsion volontaire, infiltration mafieuse... Les deux grands clubs de football de Milan, l'Inter et l'AC, sont dans le collimateur de la justice.
Article rédigé par Bruno Duvic
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des supporters de l'Inter Milan lors du match de Ligue des champions contre le FK Crvena Zvezsa, le 1er octobre 2024 (MATTEO BAZZI / MAXPPP)

À la suite d'une enquête menée par le parquet anti-mafia de Milan sur les supporters ultras des deux clubs de la ville, 16 personnes ont été arrêtées et trois assignées à résidence. Le premier reproche adressé aux ultras, c’est la revente illégale de billets : ces quotas dont bénéficient les groupes installés dans les virages de chaque côté des stades. Les billets sont revendus au noir et avec une marge plus que confortable. L’un des sommets du business fut atteint à l’approche de la finale de la Ligue des champions entre l’Inter et Manchester City, à Istanbul en 2023. Il est question dans la presse de billets à 80 euros revendus à 600 voire 800. Plus on peut en obtenir, mieux c’est. L’enquête fait état de pressions exercées par l’un des chefs des ultras sur l’entraîneur de l’Inter, Simone Inzaghi, pour gonfler le nombre de tickets. Le club a fini par céder.  

Autres business : la drogue, les places de parking. Le gestionnaire d’un parking a confié aux enquêteurs se faire extorquer 4 000 euros par mois.  

Soupçon d’infiltration mafieuse 

Il faut rappeler le contexte : deux assassinats en deux ans dans le monde des ultras de l’Inter. La première victime, en 2022, se vantait de gagner 80 000 euros par mois, selon des écoutes révélées à l’époque par la presse italienne. La dernière en date, tuée par un autre ultra, était un membre connu de la N’Dranghetta, la Mafia de Calabre. Aujourd’hui, deux hommes du virage aux couleurs bleu et noir sont soupçonnés d’association de malfaiteurs ayant pour objectif de favoriser un clan mafieux. 

Une des questions de cette enquête, qui se poursuit à travers des interrogatoires aujourd’hui encore, c’est le degré de connaissance qu’avaient les directions des clubs de ces situations. Difficile d’imaginer qu’ils ne savaient rien. Même s'ils ont été présentés avant tout comme victimes de ces trafics, à propos de l’Inter les procureurs parlent de rapports toxiques avec les ultras. Cela pourrait aboutir à terme à un placement sous surveillance des clubs, avec la nomination par la justice d’un commissaire spécial pour remettre de l’ordre dans les finances.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.